Confinements, isolement, peur pour ses proches et crainte des difficultés financières… Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020, notre santé mentale a été sans aucun doute été durement touchée. Un mémoire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rendu public mercredi 2 mars vient le confirmer.
Selon l’institution de santé publique, qui se base sur la revue de plusieurs études, les cas d’anxiété et de dépression ont augmenté de 25 % dans le monde. La crise sanitaire a aussi entravé l’accès aux services de santé mentale, ce qui a probablement eu des conséquences sur l’augmentation des comportements suicidaires et des automutilations, en particulier chez les jeunes.
Les femmes et les jeunes en première ligne
Plus en détail, selon l’OMS, les cas de troubles dépressifs majeurs et de troubles anxieux ont respectivement augmenté de 27,6 % et de 25,6 % dans le monde. C'est "une augmentation très importante", a jugé Brandon Gray, du département santé mentale et usage de substances psychoactives de l'OMS, qui a coordonné le mémoire.
Les pays les plus durement touchés par la pandémie sont aussi ceux où la prévalence de ces troubles mentaux est la plus forte. C’est le cas des pays du Moyen-Orient, d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud.
L’OMS rapporte par ailleurs que "les femmes ont été plus touchées que les hommes, et les plus jeunes, en particulier les 20-24 ans, ont été davantage concernés que les groupes plus âgés".
Anxiété, dépression, pensées suicidaires et troubles du sommeil
L’OMS n’est pas la seule à mettre en lumière les conséquences néfastes qu’a eu la pandémie sur notre santé mentale. En octobre dernier, une étude australienne publiée dans The Lancet tirait les mêmes conclusions après avoir évalué les impacts mondiaux de la pandémie sur les troubles dépressifs majeurs et anxieux dans 204 pays et territoires.
Les résultats montraient une augmentation de 28 % des troubles dépressifs majeurs et de 26 % des troubles anxieux. Les femmes, ici aussi, étaient les premières concernées. "La pandémie de Covid-19 a exacerbé de nombreuses inégalités existantes et les déterminants sociaux de la maladie mentale, estimait la co-autrice de l'étude, Alize Ferrari. Malheureusement, pour de nombreuses raisons, les femmes ont été davantage susceptibles d'être plus touchées par les conséquences sociales et économiques de cette pandémie."
La France n’a évidemment pas été épargnée, comme le révélait en décembre une enquête de Santé Publique France : près d’un tiers des Français, soit 23 %, présentent un état anxieux, soit 9 points de plus par rapport au niveau hors épidémie.
L’autorité sanitaire évalue aussi que 18 % des personnes interrogées montrent des signes d’un état dépressif, soit un niveau plus élevé de huit points comparativement au niveau hors épidémie. Elle note enfin une hausse des pensées suicidaires et des troubles du sommeil.