En France, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’obésité infantile concerne 16 % des garçons et 18 % des filles. Si ces chiffres sont à peu près stables depuis une dizaine d’années, ils restent néanmoins inquiétants.
Un guide à destination des parents et des professionnels de santé
Car le surpoids et l’obésité survenant durant l’enfance et l’adolescence auront des conséquences sur la santé future, exposant les jeunes qui en souffrent à des difficultés respiratoires, un risque accru de fractures ou encore une hypertension artérielle. Les risques ne sont pas que physiques. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), "les enfants en situation de surpoids ou d’obésité sont généralement moins épanouis, ont une moins bonne image de leur corps, sont plus souvent harcelés et peuvent avoir de moins bons résultats scolaires".
C’est pour toutes ces raisons que la HAS se mobilise pour optimiser le parcours de soins et d’accompagnement des enfants et adolescents concernés. Parce que l’obésité et le surpoids constituent un véritable enjeu de santé publique, la HAS publie un guide, en lien avec la feuille de route interministérielle sur l’obésité, édictée pour la période 2019-2022, et destiné aux professionnels de santé, ainsi qu’aux parents.
Prendre en compte les habitudes de vie de l’enfant
L’objectif de ce guide est clair, selon la HAS : "mettre en œuvre une évaluation multidimensionnelle qui appréhende la situation au-delà de l’indice de masse corporelle (IMC), permettant de proposer des réponses personnalisées". Ainsi, outre la prise en compte de l’IMC et de la courbe de croissance pour détecter de manière précoce le surpoids et l’obésité infantiles, l’autorité publique indépendante recommande de compléter ce diagnostic avec d’autres méthodes. "La prise de poids peut être symptomatique d’une souffrance prenant la forme d’un « appel au secours » qu’il est essentiel d’entendre", rappelle la HAS.
Pour une prise en charge optimale, il est donc essentiel de prendre en considération les habitudes de vie de l’enfant pour repérer rapidement d’éventuelles difficultés psychologiques, sociales ou scolaires. D’où l’importance de mettre en œuvre "une évaluation multidimensionnelle qui appréhende la situation au-delà de l’indice de masse corporelle (IMC), permettant de proposer des réponses personnalisées", souligne la HAS.
Réalisée par le médecin traitant, cette évaluation nécessite une consultation longue menée si nécessaire en deux temps : avec les parents, puis l’enfant seul, précise la HAS. À son issue, le professionnel de santé orientera alors la famille vers d’autres spécialistes. Cette coordination est essentielle pour compléter l’évaluation et ainsi offrir une approche personnalisée de soins et d’accompagnement à l’enfant ou adolescent, ainsi qu’à sa famille.
Un accompagnement vers l’âge adulte
Enfin, la HAS insiste sur la nécessité de mener cet accompagnement sur un temps long afin de préparer "l’importante transition vers l’âge adulte et le passage des soins pédiatriques aux soins adultes". L’enjeu est crucial pour éviter que cette obésité ne devienne pérenne. En effet, la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie de 20 à 50 % avant la puberté, mais grimpe de 50 à 70 % après la puberté. "Préparée longtemps en amont de la première consultation en soins adultes, cette transition doit aider l’adolescent à prendre soin de lui et de sa santé de manière la plus autonome possible. Les professionnels de santé doivent faire évoluer progressivement leur approche relationnelle avec le jeune et expliquer l’importance de cette préparation aux parents", conclut la HAS.
Un second guide, cette fois-ci dédié au parcours de soins pour l’adulte en situation de surpoids ou d’obésité, sera prochainement mis en ligne.