- Le trouble du déficit de l'attention, avec ou sans hyperactivité, (ou TDAH) est caractérisé par l’association de trois signes dont l’intensité et l’expression varient selon l’enfant : déficit de l’attention, hyperactivité motrice et impulsivité.
- Ce trouble neurodéveloppemental toucherait environ 5 à 8% des enfants et jusqu'à 4 % des adultes.
De vieux journaux, des vêtements démodés, de la vaisselle, des livres… Êtes-vous du genre à conserver « au cas où » ces objets variés, et avoir du mal à faire du tri dans vos placards ? Alors peut-être souffrez-vous de ce que les spécialistes appellent un trouble de la thésaurisation. Chez certaines personnes, cette accumulation est pathologique : jeter le moindre objet devient impossible, ce qui réduit peu à peu leur espace vital. On parle alors de syllogomanie.
Une nouvelle étude, publiée dans le Journal of Psychiatric Research, s’est penchée sur ce trouble qui concernerait jusqu’à 3 % des Français. Elle conclut que les personnes atteintes d’un trouble de déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH) sont beaucoup plus susceptibles de présenter des comportements de thésaurisation, ce qui peut avoir un impact sérieux sur leur qualité de vie, en accroissant leur risque de développer de l’anxiété ou une dépression.
20 % des personnes souffrant de TDAH concernées
L’étude a été dirigée par le Dr Sharon Morein de l'Université Anglia Ruskin (ARU), au Royaume-Uni, auprès de 88 participants souffrant de TDAH. Ces derniers ont répondu a un questionnaire pour estimer leur impulsivité, leurs niveaux d'accumulation et de désordre, la gravité des obsessions compulsives, le perfectionnisme, la dépression, l'anxiété et le fonctionnement quotidien. Ces résultats ont ensuite été comparés à ceux obtenus auprès d’un groupe témoin de 90 adultes ne souffrant pas de TDAH.
Les résultats obtenus montrent que 19 % des adultes du groupe TDAH présentaient des symptômes de thésaurisation cliniquement significatifs, qu'ils avaient en moyenne la trentaine et qu'ils étaient répartis également entre les sexes. Parmi les 81 % restants, les chercheurs ont constaté une plus grande sévérité à l’accumulation, mais pas au point d'altérer significativement leur qualité de vie. À titre de comparaison, les adultes du groupe témoin n’étaient que 2 % à présenter des symptômes d'accumulation cliniquement significatifs.
Pour confirmer ces résultats, cette même expérience a ensuite été reproduite en ligne sur un échantillon plus large de 220 adultes sans TDAH. De la même manière, seuls 3 % des adultes présentaient des symptômes de thésaurisation.
Sensibiliser les cliniciens à l’évaluation du trouble de thésaurisation
"Dans l'ensemble, nous avons constaté que les personnes qui avaient reçu un diagnostic de TDAH étaient plus susceptibles de présenter également des symptômes d'accumulation, souligne le Dr Morein, professeur associé de psychologie à l’ARU. C'est important car cela démontre que l'accumulation n'affecte pas seulement les personnes plus tard dans la vie, qui sont généralement au centre de la plupart des recherches menées jusqu'à présent sur le trouble d'accumulation."
Pour les auteurs de l’étude, les résultats obtenus indiquent qu’une évaluation systématique du trouble de thésaurisation devrait être faite chez les personnes souffrant de TDAH. De même, il est possible que de nombreuses personnes actuellement traitées pour syllogomanie soient également atteintes d’un TDAH non diagnostiqué. "Une plus grande sensibilisation des cliniciens et des personnes atteintes de TDAH au lien entre le TDAH et l'accumulation pourrait également conduire à une gestion plus efficace à long terme, car l'accumulation s'aggrave souvent progressivement avec le temps", conclut le Dr Morein.