Même jeunes ou d’âge moyen, les hommes ayant tendance à l’inquiétude ne sont pas à l’abri de développer une maladie cardiovasculaire ou un diabète.
C’est ce que souligne une nouvelle étude publiée dans le Journal of the American Heart Association. Selon ses auteurs, qui ont suivi plus de 1 500 hommes blancs âgés de 33 à 65 ans, les hommes anxieux pourraient présenter un risque biologique plus élevé de développer ce que l’on appelle un syndrome cardiométabolique, à mesure qu’ils vieillissent. Le syndrome cardiométabolique définit le risque global de développer une maladie cardiovasculaire ou un diabète de type 2.
Selon le Dr Lewina Lee, autrice principale de l’étude, ces associations entre anxiété et syndrome cardiométabolique "peuvent être présentes beaucoup plus tôt dans la vie que ce qui est généralement apprécié - potentiellement pendant l'enfance ou le jeune âge adulte".
Les hommes anxieux, premiers concernés
Pour mieux étudier cette relation entre l'anxiété et les facteurs de risque de maladies cardiométaboliques au fil du temps, les chercheurs utilisé les données de la Normative Aging Study, une étude longitudinale à laquelle 1 561 hommes (97 % blancs) ont participé à Boston en 1961, et qui étaient en moyenne âgés de 53 ans en 1975. Aucun ne souffrait de maladie cardiovasculaire ou de cancer au début de l’étude, et tous ont rempli un questionnaire de personnalité pour évaluer leur niveau de névrosisme et d’inquiétude. Ils se sont aussi pliés à des examens physiques et à des analyses de sang tous les 3 à 5 ans jusqu’à leur décès.
Les résultats montrent qu’entre 33 et 65 ans, le nombre moyen de facteurs de risque cardiométabolique élevé a augmenté d'environ un par décennie, pour atteindre une moyenne de 3,8 facteurs de risque à 65 ans. De plus, les participants présentant des niveaux élevés de névrosisme avaient un plus grand nombre de facteurs de risque cardiométabolique élevé, et ce peu importe leur âge. Un niveau de névrosisme élevé est associé à une probabilité de 13 % plus élevée de présenter six facteurs de risque de maladie cardiométabolique ou plus, et un niveau d’anxiété élevé est associé à une probabilité accrue de 10 %.
Un risque cardiométabolique qui augmente avec l’âge
"Nous avons constaté que le risque de maladie cardiométabolique augmentait à mesure que les hommes vieillissaient, de la trentaine à la quarantaine, indépendamment du niveau d'anxiété, tandis que les hommes qui présentaient des niveaux élevés d'anxiété et d'inquiétude avaient systématiquement une probabilité plus élevée de développer une maladie cardiométabolique au fil du temps que ceux qui présentaient des niveaux plus faibles d'anxiété ou d'inquiétude", résume le Pr Lee.
Les données ne permettent en revanche pas de savoir si un traitement de l’anxiété pourrait réduire le risque cardiométabolique. Toutefois, "les personnes anxieuses et sujettes à l'inquiétude devraient accorder une plus grande attention à leur santé cardiométabolique. Par exemple, en effectuant des bilans de santé de routine et en étant proactifs dans la gestion de leurs niveaux de risque de maladie cardiométabolique (comme la prise de médicaments contre l'hypertension artérielle et le maintien d'un poids santé), ils peuvent être en mesure de diminuer leur probabilité de développer une maladie cardiométabolique", conclut la chercheuse.