283 voix de députés pour, 386 voix contre, c'est officiel, la cigarette électronique ne sera pas un médicament. Débattue ce mardi au Parlement européen, la directive européene qui visait à réserver cette vente aux pharmaciens a été rejettée par les eurodéputés. Les magasins commercialisant des e-cigarettes peuvent donc souffler. Retour sur un vote où les arguments pour un commerce libre de ce produit, défendu par la plupart des médecins français, l'ont emporté.
La cigarette électronique est moins dangereuse que la cigarette classique
Dans cette histoire, tout débute par la position de nos voisins anglais. Les Britanniques entendaient obtenir dès 2014 de Bruxelles que l’ensemble des produits hors-tabac contenant de la nicotine soient considérés comme des dispositifs médicaux soumis à autorisation de mise sur le marché. La demande visait avant tout la e-cigarette.
Interrogé fin août par pourquoidocteur, le Dr Gérard Mathern, secrétaire général de la Société Française de Tabacologie indiquait que, « si l'on compare les deux produits, vapoter reste infiniment mieux que fumer la cigarette conventionnelle. Tout d'abord, cette dernière contient par exemple du goudron, une substance extrêmement toxique et collante qui transporte beaucoup d'éléments toxiques. A la longue, il cause le cancer de la gorge et du poumon, et le cancer de la langue chez les fumeurs de tabac à rouler.» Ensuite, Gérard Mathern rappelait également que, « la cigarette conventionnelle crée du monoxyde de carbone, un gaz produit par la combustion du tabac. Il possède des propriétés asphyxiante et polluantes et réduit l'oxygénation des tissus organiques. Il est notamment responsable des maladies cardiovasculaires chez les fumeurs. »
La communauté médicale française unie sur le sujet
Enfin, les tabacologues français ne sont pas les seuls médecins français à défendre un commerce ouvert à tous de la e-cigarette. Dans un appel coordonné par le Dr Philippe Presles, lancé lundi dans les colonnes du Parisien, des dizaine de médecins français, toutes spécialités confondues (cardiologues, angiologues, cancérologues, urologues, neurologues, spécialistes de la pathologie foetale, ORL...), rejettent l’idée de classer ce produit comme un médicament. Ils rejoignent ainsi l’avis de l’Office français de lutte contre le tabagisme. Et ces derniers de rappeler que le produit « aide manifestement de nombreux fumeurs à tourner la page du tabac. » D'après le 1er essai comparatif mené en Nouvelle-Zélande et dévoilé début septembre, la e-cigarette serait un outil de sevrage tabagique au moins aussi efficace que les patchs de nicotine !
Les magasins vendant des e-cigarettes ne fermeront pas leurs portes
Si cette directive européenne, qui était débattue ce matin, avait été adoptée, la situation n'aurait pas été la même dans les vingt-sept pays de l'Union européenne. Le mot « drug », médicament en anglais, ne veut en effet pas dire la même chose partout. Comme de l'autre côté de la Manche par exemple.
« La définition du mot médicament n'est pas du tout la même pour nos voisins Anglais », confiait récemment à pourquoidocteur le Pr Bertrand Dautzenberg, auteur du rapport sur la e-cigarette remis à la ministre de la Santé au mois de mai. Comme nous l'expliquait cet expert pneumologue, il est vrai que les médicaments sont libres d'accès au Royaume-Uni. C'est le cas notamment dans les drugstores anglais, des grands établissement commerciaux où l'on trouve de tout, y compris des médicaments. A n'en pas douter le lobby des vapoteurs a pesé lourd dans la balance.
Le e-cigarette ouvre la voie au sevrage tabagique
D'après ce spécialiste, faire de la cigarette électronique un médicament n'était pas très judicieux. Selon le président de l'Office Français de prévention du tabagisme, la e-cigarette en tant que produit de consommation s'adresse à tout le monde, y compris aux jeunes. Grâce à ce commerce libre, le produit peut inciter des personnnes qui ne sont pas motivées à arrêter la cigarette. « Si on prend des fumeurs qui sont d'accord pour arrêter de fumer, on sélectionne 1/5 des fumeurs. Alors que la e-cigarette à l'avantage de s'adresser à 100 % des fumeurs. Ces derniers, qui parfois utilisent ce produit juste pour le tester, se retrouvent très souvent pris dans l'engrenage de l'arrêt du tabac », concluait-il.