- Le stress chronique est lié à une exposition prolongée à des événements anxiogènes.
- Les personnes atteintes de stress chronique ont souvent des troubles moteurs, de gravité variable.
- Les chercheurs supposent que les synapses sont dégradées par des cellules immunitaires, en réaction au stress.
Il est difficile d’échapper au stress, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle. Pour certaines personnes, il est même compliqué d’en sortir, or lorsqu’il devient chronique, cela peut être dangereux pour la santé. Dans la revue Translational Psychiatry, des scientifiques de l’université allemande de Bonn expliquent qu’il peut dégrader le cerveau. Ils en ont fait le constat dans une étude menée sur des souris.
Des photographies du cerveau des souris
Au cours de ces travaux, les chercheurs ont utilisé des souris comme animaux de laboratoire, dont certaines ont été exposées à une situation stressante pendant quelques jours. Tout au long de leur recherche, ils ont eu recours à une méthode de microscopie spéciale pour prendre des photos du cerveau des rongeurs, notamment des parties du cortex cérébral dédiées au contrôle moteur et à l'apprentissage de nouveaux mouvements. "Avec notre méthode, il est possible d'observer un seul et même neurone à différents moments, précise le Dr Anne-Kathrin Gellner, médecin au sein du service de psychiatrie et de psychothérapie de l'hôpital universitaire de Bonn. Nous pouvons donc voir comment il change en fonction du stress."
Des troubles moteurs, même chez les animaux résilients
Grâce à cette technique, ils ont remarqué qu’après l’exposition au stress, les neurones changent : ils perdent certaines de leurs synapses, dont le rôle est de faire le lien avec les autres cellules nerveuses. Les rongeurs stressés ont perdu jusqu'à 15 % de leurs synapses. En parallèle, les souris ont manifesté des déficits d'apprentissage moteur. Par exemple, elles devaient essayer de saisir une boulette de nourriture avec une patte et la transporter dans leur bouche. Dans la nature, les souris utilisent leurs deux pattes y parvenir, elles ont donc dû réapprendre cette compétence. Le groupe témoin non stressé avait un taux de réussite de 30 % après cinq jours. Pour les rongeurs stressés, il fallait à chaque fois dix tentatives pour qu’ils y parviennent. Les chercheurs ont également remarqué que les souris résilientes, celles qui n’affichaient aucun symptôme malgré l’exposition au stress, avaient aussi des difficultés à saisir la boulette avec une seule patte. "Il est donc possible que les tests moteurs soient adaptés pour détecter des troubles liés au stress comme la dépression avant que d'autres symptômes n'apparaissent", suppose le Pr Valentin Stein, co-auteur de l’étude. Le chercheur estime que le stress psychologique pourrait créer des dégradations permanentes dans le cerveau, à cause de l’incapacité des neurones touchés à recréer des synapses.