Ce n’est pas le cancer le plus fréquent, mais il est l’un des plus graves : le cancer du pancréas est souvent diagnostiqué tardivement. Des chercheurs du Centre national de recherche sur le cancer de Madrid et du laboratoire européen de biologique moléculaire ont peut-être trouvé une solution pour accélérer le dépistage : selon leurs travaux, parus dans la revue scientifique Gut, l’analyse d’échantillons de selles permettrait de détecter précocement la maladie.
Des bactéries spécifiques
Cette étude a été réalisée à l’aide d’échantillons de salive, de selles et de tissu pancréatique, fournis par 136 patients. Les chercheurs ont découvert une signature moléculaire, liée à 27 micro-organismes présents dans des échantillons de selles, qui pourrait prédire le risque d'adénocarcinome canalaire pancréatique. En revanche, ils n’ont pas constaté d’association entre le microbiote oral et le cancer du pancréas. "Des analyses biostatistiques et bioinformatiques sophistiquées nous ont permis de construire une signature de 27 microbes dérivés des selles, principalement des bactéries, qui distingue très bien les cas de cancer du pancréas par rapport aux témoins, à la fois dans leurs stades les plus avancés et les plus précoces", déclarent les auteurs de l’étude. Ainsi, cette méthode permettrait de dépister les cas de cancer du pancréas même à des stades précoces.
De la nécessité d’un diagnostic précoce
"Les symptômes du cancer du pancréas sont silencieux et apparaissent souvent aux derniers stades de la maladie, lorsque les tumeurs ne peuvent généralement pas être retirées par chirurgie, rappellent les auteurs. Par conséquent, il existe un besoin urgent de tests non invasifs et abordables capables de détecter la maladie de manière précoce." Selon l’Inserm, le taux de survie à cinq ans, des patients diagnostiqués d’un cancer du pancréas, est inférieur à 7%, en grande partie à cause du diagnostic tardif. À terme, ce nouvel outil de dépistage permettra d’augmenter les chances de survie des patients. "Il faut diagnostiquer la maladie à un stade beaucoup plus précoce, avant que les symptômes n’apparaissent", insistent les auteurs. Les plus fréquents sont les douleurs abdominales, la perte de poids, la fatigue et la perte d'appétit.