Descendre une rivière en kayak, utiliser la force de ses bras pour pagayer, balancer son corps d'un côté à l'autre pour éviter obstacles et tourbillons : un bonheur pour les amateurs de canoë. Mais un rêve totalement inaccessible pour des patients victimes d'un AVC. C'est pourtant de tels exercices que le jeu Recovery Rapids leur propose sous forme de réalité virtuelle pour retrouver leur mobilité de façon beaucoup plus rapide qu'avec des thérapies de réadaptation traditionnelles. Les résultats apportés par cette technique viennent d'être publiés dans eClinical Medicine, une revue en libre accès du Lancet.
Un handicap pour les activités quotidiennes
A la suite d'un accident vasculaire cérébral -130 000 cas par an en France dont 25% chez des moins de 65 ans- les patients voient le plus souvent leur habileté motrice très dégradée, ce qui limite leur capacité à accomplir les gestes nécessaires aux activités quotidiennes comme préparer un repas ou jouer avec des enfants. Pour retrouver l'essentiel de leur mobilité, ils doivent suivre des séances de réadaptation très intensives, qui prennent beaucoup de temps et sont parfois coûteuses.
"En tant qu'ergothérapeute, j'ai vu des patients habitant dans des zones rurales devoir faire plus d'une heure de voiture trois à quatre fous par semaine pour suivre des séances de réadaptation intensives", confirme Rachel Proffitt, professeure à l'université du Missouri. Ce sont des chercheurs de cette université qui viennent de démontrer qu'une thérapie basée sur le jeu entraînait des résultats plus rapides et meilleurs, nécessitant cinq fois moins de temps de présence des accompagnateurs des patients.
Un jeu vidéo à capteur de mouvements
Ils se sont appuyés sur ce jeu de réalité virtuelle et à capteur de mouvements basé sur la descente de rapides en canoë-kayaks pour amener les patients victimes d'AVC à réaliser dans un environnement interactif et amusant les exercices leur permettant de retrouver leur mobilité. "Au fur et à mesure qu'ils progressent, les défis deviennent plus difficiles et nous effectuons des vérifications avec les participants via des dispositifs de télésanté pour ajuster les objectifs et discuter des activités quotidiennes qu'ils souhaitent reprendre à mesure que leur état s'améliore", précise Rachel Proffitt.