- On estime que près de 38 millions de personnes vivent encore avec le VIH dans le monde et qu'une personne séropositive sur 6 ignore qu’elle est porteuse.
- En France, 173 000 personnes vivent avec le VIH.
L’infection par le virus d’immunodéficience humaine (VIH), qui est responsable de la maladie du Sida, est transmissible dans certaines circonstances très précises : en cas de transmission mère-enfant, lors d’un contact avec du sang contaminé ou lors de rapports sexuels non protégés par un préservatif s’il y a pénétration vaginale, anale ou buccale.
Mais tous ces modes de transmission ne sont pas associés à la même gravité de la maladie. C’est ce que met en lumière une nouvelle étude publiée dans PLOS Pathogens par des chercheurs de l’Indian Institute of Science.
Selon ses auteurs, le VIH-1 serait plus virulent lorsqu'il est transmis lors d’une pénétration vaginale, en raison de goulots d'étranglement dans la transmission.
Un niveau de gravité qui varie selon le mode de transmission
On appelle "goulot d’étranglement génétique", ("genetic bottleneck" en anglais) le phénomène qui se produit durant la phase de primo-infection, lors que les souches de VIH isolées sont génétiquement uniformes. Cela suggère qu’un seul variant viral est en général transmis et/ou propagé chez un individu nouvellement infecté.
Toutefois, en cas de transmission du VIH-1 lors d’un rapport entre pénis et vagin, le goulot d’étranglement introduit des pressions de sélection, ce qui se traduit par un virus plus adapté pour se répliquer et infecter son hôte. Ces nouvelles souches ont alors tendance à être plus virulentes.
Pour mieux comprendre les différences dans l'aptitude virale liée à la transmission, notamment en cas de rapport anal et vaginal, les chercheurs ont analysé le nombre de lymphocytes T auxiliaires chez des personnes infectées par le VIH, et chez des personnes non infectées en compilant les données de 340 000 personnes infectées de diverses ethnies et provenant de plus de 25 pays. Une telle mesure des lymphocytes T auxiliaires est importante car la réduction du nombre de ces cellules immunitaires au début de l’infection est associée à des souches plus virulentes.
Un nombre moins important de lymphocytes T, indicateur d’une souche plus virulente
En comparant les résultats obtenus chez les personnes non infectées par le VIH, celles infectées après un rapport anal, et celles infectées après un rapport entre vagin et pénis, les auteurs ont constaté que les infections transmises par un rapport vaginal étaient corrélées à un nombre de lymphocytes T plus faible. Cela suggère donc une plus grande pression sélective au moment de la transmission et, par conséquent, des souches plus virulentes que dans la transmission entre hommes.
"On s'attend à ce que les goulots d'étranglement de la transmission soient à l'origine de l'évolution du VIH-1 et influencent la conception des stratégies de prévention", écrivent les auteurs des travaux. Selon eux, il ne fait aucun doute que les goulots d'étranglement sont bien affectés par le mode de transmission du VIH. "Comme les différents groupes à risque ont tendance à utiliser différents modes de transmission prédominants, il est possible que les souches de VIH-1, directement affectées par les goulots d'étranglement aient évolué différemment dans les différents groupes. Ces résultats ont des implications pour notre compréhension de la pathogenèse, de l'évolution et de l'épidémiologie du VIH-1."