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Phénomène météorologique

La pluie de sable du Sahara, un danger pour la santé ?

Par Mégane Fleury

Ces vents chargés de poussière dégradent la qualité de l’air et peuvent avoir diverses conséquences sur la santé. 

Photographer/istock
Ce phénomène météorologique est appelé calima en Espagne.
Selon l’OMM, environ 400 000 personnes âgées de plus de 30 ans sont décédées prématurément de maladies cardio-pulmonaires en 2014, à cause de l'exposition aux particules de poussière. 
La durée de vie moyenne des particules de poussière dans l’atmosphère varie de quelques heures pour celles dont le diamètre excède 10 μm, à plus de dix jours pour celles dont le diamètre est inférieur à 1 μm.

Une teinte étrange dans le ciel et des dépôts de poussière partout : le sable du Sahara circule un peu partout en France. Les premiers vents du désert ont parcouru l’Espagne lundi et devraient continuer à souffler, mercredi 16 mars, sur l’hexagone. Il s’agit d’un phénomène météorologique courant en hiver, comme l’explique Météo France, où des poussières venues du Sahara se déplacent jusqu’en Europe. C’est le résultat de conditions météorologiques particulières : "La dépression, associée aux vents forts qu’elle génère, soulève alors le sable du désert africain. Dans un contexte de flux de sud puissant et régulier depuis le Maghreb jusqu’aux rivages européens, les particules transportées par le vent traversent la mer et peuvent venir se déposer jusque sur le sud de l’Europe", précise le site. Plus fréquent dans les régions méditerranéennes, il est plus rare d’observer ce phénomène dans les régions du nord. 

Quelles conséquences pour la santé ?

"Ces poussières présentes dans l’air s’ajoutent aux autres particules polluantes et contribuent à dégrader la qualité de l’air", indique Météo France. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) va plus loin et estime qu’elles sont "une sérieuse menace pour la santé humaine". Le risque dépend de la taille des poussières : "les particules de plus de 10 μm ne peuvent être inhalées et n'affectent donc que les organes externes, souligne l’organisation mondiale. Elles provoquent surtout des irritations de la peau et des yeux, ainsi que des conjonctivites et accroissent le risque d'infection oculaire." Lorsque leur taille est inférieure à 10 μm, elles peuvent être inhalées et se déposer dans le nez, la bouche et les voies respiratoires supérieures. Cela peut provoquer "des affections respiratoires (asthme, trachéite, pneumonie, rhinite allergique, silicose, etc.)."

Une mortalité accrue ? 

En 2008, un groupe de chercheurs a publié une étude sur les conséquences de la poussière du Sahara sur la santé dans la revue Epidemiology. De mars 2003 à décembre 2004, ils ont observé les effets de ces vents sur la mortalité, en s’appuyant sur des analyses de la qualité de l’air. Les jours de pollution de l’air liée à la poussière du Sahara, les scientifiques constatent une hausse de 8,4% des décès, sans pour autant, que la composition chimique de l’air ne l’explique. "La possibilité que la poussière saharienne puisse contenir des irritants ou des allergènes est étayée par plusieurs études", précisent toutefois les auteurs. D’autres travaux ont montré qu’elle peut transporter des champignons et des microbes. 

Des effets à double-tranchant sur l’environnement 

Si elle est néfaste à la santé humaine, la poussière du Sahara aurait un intérêt écologique. Selon l’OMM, il s’agit d’une source de micro nutriments pour les écosystèmes terrestres et marins. "Il semblerait que la poussière du Sahara constitue un fertilisant pour la forêt amazonienne et l'on sait que les particules de poussière améliorent la production de biomasse marine en apportant du fer et du phosphore dans les zones océaniques qui manquent de ces éléments", explique l’OMM. En revanche, la poussière dégrade les cultures et accentue l’érosion des sols. Mais comme de nombreux phénomènes météorologiques, le vent du Sahara est passager. Dès jeudi, il devrait se dissiper en France.