- Les phtalates sont produits à quelque 95 kilos par seconde, soit 3 millions de tonnes par an dans le monde.
- Rien qu'aux Etats-Unis, l'exposition aux phtalates entraînerait 100 000 morts par an.
Additifs chimiques utilisés pour améliorer la durabilité ou la consistance des plastiques, les phtalates sont utilisés dans de très nombreux produits industriels ou de consommation courante, notamment certains matériaux plastiques en contact avec les aliments comme le PVC. Ils sont également utilisés comme ingrédients inactifs dans certains médicaments, en particulier ceux qui nécessitent une libération prolongée ou retardée pour fonctionner correctement, par exemple certains anti-inflammatoires et antibiotiques.
Mais, bien qu’omniprésents dans notre quotidien, les phtalates ne nous veulent pas que du bien. De nombreuses études ont pointé leurs effets reprotoxiques et tératogènes qui peuvent provoquer une baisse de la fertilité, une atrophie testiculaire, une réduction du poids du fœtus, une mortalité fœtale et des malformations.
Les phtalates présents dans les médicaments pourraient aussi, selon de nouveaux travaux publiés dans le Journal of the National Cancer Institute, contribuer au développement de certains cancers infantiles.
Un risque de cancer pédiatrique 20 % plus élevé
Cette nouvelle étude a mesuré l'association entre l'exposition aux phtalates pendant la grossesse et l'enfance et l'incidence des cancers pédiatriques. Pour cela, les chercheurs ont utilisé les données du registre médical danois des naissances, de l'Agence danoise des médicaments et du registre danois du cancer. Un total de 1,3 million de naissances ont été analysées entre 1997 et 2017. Les chercheurs ont aussi relevé 2 027 cas de cancers pédiatriques, pour lesquels ils ont mesuré les associations entre l'exposition gestationnelle et infantile aux phtalates et l'incidence de cancers spécifiques.
Les résultats ont montré qu’une exposition aux phtalates pendant l’enfance est associée à un taux de cancer de l'enfant 20 % plus élevé dans l'ensemble, avec un taux presque trois fois plus élevé de diagnostic d'ostéosarcome, un cancer des os, et un taux deux fois plus élevé de diagnostic de lymphome, un cancer du sang. En revanche, aucune association entre cancer et exposition in utero n’a été relevée.
Même à faible dose, des effets néfastes pour la santé
"Ces résultats s'ajoutent à un nombre croissant de preuves suggérant que ces produits chimiques omniprésents ont un impact négatif sur la santé humaine", souligne Thomas Ahern, professeur associé au Larner College of Medicine de l'université du Vermont et auteur principal.
"Bien que d'autres études soient nécessaires, l'exposition aux phtalates a été liée à la thyroïde, au sein et à d'autres tumeurs solides. Les phtalates, comme d'autres plastifiants tels que le bisphénol A (BPA), sont omniprésents dans l'environnement. L'âge d'exposition, ainsi que les expositions chroniques à faible dose, sont des facteurs de risque importants pour les effets néfastes sur la santé", ajoute Frances Carr, qui a aussi participé à l’étude.
Les auteurs souhaitent désormais mener d’autres recherches pour déterminer quel phtalate spécifique (ou quelle combinaison de phtalates) présente le plus grand risque, et par quels mécanismes les phtalates pourraient entraîner un risque d'ostéosarcome et de lymphome. L’objectif, à terme, étant d’atténuer les risques des phtalates environnementaux sur la santé humaine, et en particulier sur celle des enfants.