En France, 1,2 million de personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer selon l’Assurance maladie. Cette pathologie est due à la dégénérescence des neurones du cerveau et se caractérise par différents symptômes : troubles de la mémoire, de l'exécution de gestes simples, de l'orientation dans le temps et l'espace ainsi que des fonctions cognitives. Certains patients connaissent aussi une perturbation de leur sommeil. Ce dernier est d’ailleurs très important pour beaucoup de pathologies neurodégénératives. En effet, selon une étude publiée dans la revue Alzheimer’s and Dementia : The Journal of the Alzheimer’s Association, les personnes qui souffrent de somnolence diurne excessive auraient plus de risques de souffrir de démence et de la maladie d’Alzheimer.
La somnolence diurne, ou l’envie de dormir en pleine journée
La somnolence diurne est un phénomène classique avec le vieillissement. Il s’agit d’un problème dont souffrent certaines personnes - souvent âgées - qui ont tendance à s'assoupir en plein milieu de la journée. Lorsqu’elles sont jeunes et actives, et qu’elles ne peuvent donc pas s’octroyer des siestes autant qu’elles en auraient besoin, elles doivent donc souvent lutter contre cette envie de dormir. En général, on attribue la somnolence diurne au fait de devoir compenser un mauvais sommeil nocturne. Mais, ce n’est pas la théorie des chercheurs.
La somnolence diurne est indépendante du sommeil nocturne
"Nous avons observé que le lien entre le besoin de faire des siestes - à cause de la somnolence diurne excessive - et la démence ne change pas, même quand les personnes ont une qualité et une quantité de sommeil nocturne suffisantes, explique Yue Leng, l’un des auteurs. Cela suggère que le rôle de la somnolence diurne est important en soi et indépendant du sommeil nocturne."
Selon les chercheurs, dans certains cas, la somnolence diurne peut être annonciatrice d’une démence à venir telle que la maladie d’Alzheimer. Et, une fois que le diagnostic est posé, ce besoin de dormir augmenterait encore au fil des années.
Augmentation de la durée des siestes après le diagnostic d’Alzheimer
Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont analysé les données de 1 401 personnes âgées, qui avaient en moyenne 81 ans et dont environ les trois quarts étaient des femmes. Ils ont été suivis pendant plusieurs années, jusqu’à 14 ans. Tous ces participants portaient en continue un appareil ressemblant à une montre connectée qui enregistrait leur activité pendant environ 14 jours par an. En parallèle, ils faisaient aussi des tests neuropsychologiques pour évaluer l’évolution de leurs capacités cognitives. Au début de l'étude, 75,7 % des participants n'avaient aucune déficience cognitive, 19,5 % en avaient une légère et 4,1 % souffraient de la maladie d'Alzheimer.
À la fin de l’étude, les participants qui n’avaient pas développé de déficience cognitive faisaient des siestes plus longues de 11 minutes. En revanche, après un diagnostic de déficience cognitive, cette augmentation était de 24 minutes et, pour ceux qui étaient d’Alzheimer, de 68 minutes.
Ceux qui font plus de siestes ont plus de risques d’être atteints d’Alzheimer
Les chercheurs ont donc essayé de comprendre si le sommeil avait aussi un lien avant le développement de la maladie. Ainsi, ils ont observé que les participants qui faisaient des siestes de plus d'une heure par jour avant d’être malades avaient un risque 40 % plus élevé de développer la maladie d'Alzheimer comparativement à ceux qui faisaient des siestes moins d'une heure par jour. De plus, ceux qui faisaient la sieste au moins une fois par jour avaient aussi 40 % de risques en plus de développer cette pathologie comparativement à ceux qui faisaient la sieste moins d'une fois par jour.
"Je ne pense pas que nous ayons suffisamment de preuves pour conclure qu’il y ait un lien entre la sieste et le vieillissement cognitif, mais une somnolence diurne excessive pourrait être le signe d’un vieillissement accéléré ou d'un processus de vieillissement cognitif”, conclut Yue Leng. Les chercheurs souhaitent désormais poursuivre leurs recherches pour mieux évaluer l’impact de la somnolence diurne sur les maladies neurodégénératives.