- L'aspartame, un édulcorant artificiel bien connu, est présent dans plusieurs milliers de produits alimentaires à travers le monde. Sa valeur énergétique est similaire à celle du sucre (4 kcal/g) mais son pouvoir sucrant est 200 fois plus élevé, ce qui signifie qu’une quantité beaucoup plus faible d’aspartame est nécessaire pour obtenir un goût comparable.
- D’autres édulcorants artificiels ne contiennent même pas de calories, par exemple l’acésulfame-K et le sucralose, qui sont respectivement 200 et 600 fois plus sucrants que le saccharose.
Selon une nouvelle étude française publiée dans Plos Medicine, la consommation d’édulcorants est associée à un risque accru de cancer.
"Alors que la cancérogénicité de certains additifs alimentaires a été suggérée par plusieurs études expérimentales, des données épidémiologiques solides associant la consommation quotidienne d’édulcorants à l’étiologie de diverses maladies font défaut", expliquent les auteurs de la recherche en introduction.
Expositions aux additifs
Ils ont donc voulu examiner les associations entre la consommation d’édulcorants (totale et les plus souvent consommés) et le risque de cancer (global et par types de cancer les plus fréquents). Ils se sont pour cela appuyés sur les données communiquées par 102 865 adultes participant à l’étude NutriNet-Santé.
Les volontaires ont eux-mêmes déclaré leurs antécédents médicaux, leurs données sociodémographiques, leur activité physique, ainsi que des indications sur leur mode de vie et leur état de santé. Ils ont également renseigné en détail leurs consommations alimentaires en transmettant aux scientifiques des enregistrements complets sur plusieurs périodes de 24 heures, incluant les noms et marques des produits. "Cela a permis d’évaluer précisément leurs expositions aux additifs, et notamment aux édulcorants", expliquent les scientifiques.
Après avoir recueilli les informations sur le diagnostic de cancer au cours de la période de suivi (2009-2021), ils ont effectué des analyses statistiques afin d’étudier les associations entre la consommation d’édulcorants et le risque de cancer des participants. Ils ont tenu compte de nombreux facteurs potentiellement confondants tels que l’âge, le sexe ou encore le niveau d’éducation.
Cancer du sein et cancers liés à l’obésité
Les scientifiques ont constaté que, comparés aux non-consommateurs, les personnes qui ingéraient le plus d’édulcorants, en particulier d’aspartame et d’acésulfame-K, avaient un risque plus élevé de développer un cancer, tous types confondus. Des risques plus élevés ont particulièrement été observés pour le cancer du sein et les cancers liés à l’obésité.
"Cette étude prospective à grande échelle suggère, en accord avec plusieurs études expérimentales in vivo et in vitro, que les édulcorants, utilisés dans de nombreux aliments et boissons en France et dans le monde, pourraient représenter un facteur de risque accru de cancer", explique Charlotte Debras, doctorante et auteure de l’étude.
"Ces résultats ne soutiennent pas l’utilisation d’édulcorants en tant qu’alternatives sûres au sucre et fournissent de nouvelles informations pour répondre aux controverses sur leurs potentiels effets néfastes sur la santé. Ils fournissent par ailleurs des données importantes pour leur réévaluation en cours par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et d’autres agences de santé publique dans le monde", conclut Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice de l’étude.
Des recherches supplémentaires dans d’autres cohortes à grande échelle seront nécessaires pour venir reproduire et confirmer ces résultats.