Des chercheurs français viennent d’établir que le gène MICA permet de prédire l’échec d’une greffe de rein, ce qui peut à l’avenir éviter des opérations et des pertes d’organes inutiles.
Un gène découvert il y a déjà presque trente ans
"La greffe de rein est l’unique traitement curatif pour les personnes souffrant d’insuffisance rénale terminale, mais cette intervention n’est pas toujours un succès car le greffon peut être rejeté par l’organisme du patient, souvent sans que l’on comprenne pourquoi", indique l’Inserm.
Afin de diminuer le risque de rejet, les médecins peuvent aujourd’hui s’intéresser à un certain nombre de paramètres génétiques et immunologiques pour évaluer l’histocompatibilité entre donneur et receveur, c’est-à-dire le degré de compatibilité de leurs organes et de leurs tissus. En ce sens, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’université de Strasbourg, des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et leurs partenaires du LabEx Transplantex se sont intéressés à un gène découvert il y a déjà presque trente ans.
Ce gène, appelé MICA, code pour une protéine exprimée sur plusieurs types de cellules. "De précédentes études avaient déjà suggéré que ce gène était important pour prédire le devenir d’une greffe, mais elles portaient sur un nombre trop restreint de patients (entre autres limites méthodologiques) pour pouvoir affirmer qu’il s’agissait d’un gène d’histocompatibilité", expliquent les scientifiques. "Par ailleurs, ces études ne s’intéressaient pas au système MICA dans son ensemble, c’est-à-dire à la fois à la génétique (histocompatibilité) et aux aspects sérologiques (présence d’anticorps anti-MICA dans le sang du receveur)", ajoutent-ils.
Plus de 1500 patients inclus dans l'étude
L’équipe a donc étudié le gène MICA chez plus de 1500 patients ayant reçu une greffe de rein ainsi que chez leurs donneurs. Premier enseignement : les analyses de séquences du gène MICA ont révélé que lorsque receveur et donneur présentent une version différente du gène, la survie du greffon est diminuée. Par ailleurs, les chercheurs ont montré que ces incompatibilités du gène MICA sont à l’origine chez les patients de la synthèse d’anticorps dirigés contre les protéines MICA du donneur, qui interviennent dans le rejet de greffe. Ces anticorps sont produits lorsque les protéines MICA du donneur sont trop différentes de celles du receveur.
Ces résultats indiquent que le gène MICA serait un gène pertinent à prendre en compte au moment d’une greffe, et que la recherche d’anticorps anti-MICA peut également être intéressante pour prédire le succès ou l’échec de la greffe. Ils doivent maintenant être validés dans le cadre de larges études prospectives.
"Suite à ce travail, on pourrait d’ores et déjà envisager de généraliser en clinique le séquençage du gène MICA et l’identification d’anticorps anti-MICA chez les patients avant la greffe pour évaluer l’histocompatibilité avec le donneur, et après la greffe pour mieux prévenir les épisodes de rejets. Enfin, nous envisageons aussi d’étudier le rôle du gène MICA dans la greffe d’autres organes solides, notamment le cœur, le poumon ou encore le foie", conclut Seiamak Bahram, responsable de l'unité Immuno-Rhumatologie de l'Inserm.