Jusqu’à présent, les moyens de contraception destinés à la gent masculine ont été victimes des problèmes d’acceptation du traitement par les hommes et d’un manque d’investissements dans la recherche. Les scientifiques s’étaient toujours concentrés sur la testostérone pour mettre au point une pilule masculine.
"Ces dernières années, parmi les différentes voies de recherches, il y a eu des traitements anti-testostérone. Mais le problème de ces traitements était les effets secondaires, avec des baisses de la libido, des problèmes d'érection, une fatigabilité", a déclaré, à France Inter, Michael Grynberg, chef de service de gynécologie-obstétrique à l’Hôpital Antoine-Béclère.
Mais la pilule pourrait peut-être bientôt passer pour la gent masculine. Le 23 mars, un groupe de chercheurs américains a révélé avoir élaboré une méthode contraceptive masculine qui ne provoquerait pas d’effets indésirables. La particularité de cette pilule ? Elle ne fonctionne pas à partir des hormones.
La molécule YCT529 cible la protéine RAR-alpha pour réduire la production de spermes
Pour parvenir à cette découverte qui pourrait permettre de partager plus équitablement la charge mentale liée à la contraception, les scientifiques ont testé plus de 100 molécules pour identifier un candidat médicament qui cible une protéine appelée "récepteur de l'acide rétinoïque alpha (RAR-alpha)". D’après les scientifiques, cette protéine est impliquée dans le développement cellulaire et la formation des spermatozoïdes.
Après leurs tests, les chercheurs ont développé une molécule appelée "YCT529". Ils l’ont administré à des souris mâles pendant quatre semaines. Selon les résultats, leur nombre de spermatozoïdes avait baissé. La molécule YCT529 aurait été efficace à 99 % pour prévenir les grossesses. Entre quatre et six semaines après l'arrêt du traitement, les souris ont pu de nouveau se reproduire normalement.
Aucun effet indésirable signalé
D’après les résultats, aucun effet secondaire n’a été observé. "Lorsque nous sommes allés jusqu'à une dose 100 fois supérieure à la dose efficace, le composé n'a montré aucune toxicité", a indiqué, au magazine New Scientist, Md Abdullah Al Noman de l'université du Minnesota à Minneapolis, qui a présenté les résultats de cette recherche à la conférence American Chemical Society Spring 2022 à San Diego, en Californie. Selon les scientifiques, des essais cliniques chez l’homme pour évaluer la sécurité et l’efficacité du traitement sont prévus pour la fin 2022.