“Le VIH pour moi, c’était la mort”
Souvent confondues l’une avec l’autre, le VIH et le Sida sont pourtant deux choses différentes. Dans cas on parle du virus: le VIH et de l’autre du dernier stade de la maladie développée après une infection quand on n’a pas accès au traitement. Lorsque l’on contracte le virus du VIH, l’immunité baisse et on peut développer un certain nombre de pathologies qui mènent vers le Sida, le dernier stade qui peut conduire au décès. Ainsi, quand on a un Sida, on est forcément porteur du VIH mais l’inverse n’est pas vrai: les personnes porteuses de VIH ne développent pas tous un Sida. Dans les deux cas, la peur est bien présente.
Florence Thunes en témoigne: elle a appris qu’elle était séropositive en 1997 ‘Le VIH pour moi c’était la mort”.
“T’as le sida, c’est presque une insulte”
Aujourd’hui, cette peur et le poids du secret est encore un obstacle pour les personnes contaminées qui hésitent à en parler, surtout parce que la stigmatisation est encore bien présente, notamment au sein du monde médical, comme le regrette Florence Thunes qui y a été confrontée.
Le sujet est encore trop tabou or “moins on en parle et plus ce qui reste sont les peurs et les fantasmes” déclare-t-elle. Certains craignent encore d’attraper le virus en partageant des toilettes avec une personne séropositive. Or le risque de transmission n’existe que dans deux cas de figure: lors de relations sexuelles non protégées avec une personne porteuse du VIH qui n’est pas consciente de sa maladie ou qui n’est pas sous traitement et la transmission par le sang en cas d’utilisation de matériel non stérile. De la même façon, on ne peut pas transmettre le virus du VIH par la transpiration ou la salive.
Pourtant, la stigmatisation a la dent dure et sur les questions de discrimination on n’a malheureusement peu avancé. “ T’as le Sida, c’est presque une insulte” déclare Florence Thunes. Dans le cadre du Sidaction, un sondage a été fait auprès des jeunes. Ils sont 95% à avoir confiance dans le préservatif mais plus de 20% des jeunes disent “non au relation sexuelle avec une personne séropositive”.
Le traitement protège
Florence reconnaît avoir eu elle-même une barrière psychologique et n’a pas eu de relation sexuelle pendant 10 ans les premières années après la découverte de sa séropositivité: “ je rentrais dans un monde où je pouvais représenter un danger pour d’autres personnes”. Mais cette crainte est infondée puisque une personne séropositive sous traitement n’a aucun risque de transmettre la maladie: le traitement protège et agit en prévention.
Il en existe désormais plusieurs qui permettent de regagner de l’immunité: ingestion tous les deux mois seulement, plusieurs pilules ou une seule, le traitement est à vie. Et il faut trouver celui qui correspond le mieux au patient car les effets secondaires comme la prise de poids, le bouleversement du système digestif, n’ont pas encore disparu.
Aujourd’hui, les études montrent qu’une personne séropositive très vite mise sous traitement a la même espérance de vie qu’une personne séronégative. Florence Thunes avait du mal à l’époque de l’annonce à se projeter sur une espérance de vie normale: “ Je craignais de mourir, aujourd’hui je vieillis avec le VIH”
Mais il peut y avoir des effets délétères de la présence du virus dans le corps et un certain nombre de maladies cardio-vasculaires sont davantage présentes chez les personnes qui vieillissent avec le VIH ( risque de diabète…) et d’autres pathologies associées avec le VIH.
Le dépistage sauve des vies
Parmi les personnes qui apprennent leur séropositivité, plus de 20% a plus de 50 ans. Il est possible de se faire dépister dans n’importe quel laboratoire depuis le début de l’année 2022, sans ordonnance. Il existe une multitude de lieux et de façons de se faire dépister: autotest en pharmacie, à l’hôpital ou dans des centres de dépistage ( CEGIDD). Un traitement préventif avant les rapports sexuels à risque est également disponible, le PrEP. Il est recommandé de se faire dépister au moins une fois dans sa vie.
Ci-dessous, l'émission avec Florence Thunes, directrice du Sidaction :