En septembre 2021, le patient, Albert Khoury, atteint d'un cancer bronchique, a passé sept heures sur la table d’opération pour recevoir ses deux nouveaux poumons. Six mois plus tard, l’opération est une réussite: ses nouveaux poumons fonctionnent bien et il n’a été trouvé aucune trace de cellules cancéreuses dans son corps. L’équipe qui l’a opéré avait dû enlever des “milliers de milliards” de cellules cancéreuses.
“Les greffes de poumons sont extrêmement rares dans le cas de cancers du poumon, avec très peu d’exemples recensés” a expliqué Ankit Bharat, le chirurgien thoracique en chef à l’hôpital Northwestern Medicine de Chicago dans un communiqué.
Un pari audacieux
“Pour les patients avec un cancer de stade 4, la greffe de poumon est absolument exclue mais étant donné que le cancer d’Albert était cantonné à sa poitrine, nous étions convaincus de pouvoir le débarrasser de toutes les cellules cancéreuses lors de l’opération et de sauver sa vie”, indique le chirurgien.
L’opération constitue un pari audacieux car le risque de rechute chez un patient qui doit prendre des médicaments immunosuppresseurs pour empêcher le rejet du transplant est très élevé s’il subsiste ne serait-ce que quelques cellules cancéreuses dans l’organisme. Les rares premières opérations de ce genre avaient d’ailleurs échoué.
“A cause du Covid, je n’ai pas pu commencer de traitement immédiatement”
Les symptômes d’Albert (mal au dos, éternuements, frissons et toux), apparus début 2020 l’avaient orienté vers la piste du Covid-19, mais lorsqu’il s’est mis à tousser du sang, l’ouvrier du bâtiment, non fumeur de 54 ans, a décidé d’appeler son médecin. Il a alors passé des examens qui ont révèlé un cancer de stade 1. “Mais à cause de la vague de Covid-19, je n’ai pas pu commencer de traitement immédiatement”, raconte-il dans un communiqué.
Son cancer passe au stade 2 en juillet 2020. Et il progresse encore aux stades 3 puis 4, malgré la chimiothérapie.
Alors qu’on lui avait annoncé qu’il ne survivrait pas, Albert Khoury a été jugé éligible à une greffe des poumons car son cancer, bien qu’au stade terminale, ne s’était pas propagé à d’autres organes.
Une existence normale
Aujourd'hui, il peut vivre normalement, travailler et même faire du sport sans assistance respiratoire. Après sa réussite, l’équipe d’Ankit Bharat souhaite développer de nouveaux protocoles pour déterminer qui d’autre pourrait être éligible à un tel traitement. “Nous sommes désormais convaincus qu’il est possible de proposer une greffe dans le cas d’un cancer. Je pense que cela aurait des effets plus importants que ce que l’on peut envisager à l’heure actuelle” d’après le chirurgien.
L’essentiel
- Un quinquagénaire a survécu à son cancer des poumons en phase terminale grâce à une double greffe pulmonaire
- Le cancer du poumon est de loin le plus mortel aux Etats-Unis, avec près d’une mort liée à cette maladie sur quatre
- En France, le cancer du poumon est le 3 eme cancer tous sexes confondus