- L'anorexie mentale a une prévalence accrue chez les femmes en âge de procréer. Jusqu'à une femme enceinte sur 200 souffre de la maladie, selon les auteurs de l’étude.
- 5 % des patients atteints d’anorexie en décèdent.
"De nombreux principes développés pour la prise en charge de l'anorexie mentale chez l'adulte sont applicables pendant la grossesse, mais ils nécessitent une modification et une adaptation aux changements physiologiques, psychologiques et sociaux de la grossesse. La croissance et le bien-être du fœtus doivent également être pris en considération", estiment les scientifiques de l’université de Monash, en Australie, qui viennent de publier une étude sur la prise en charge de l’anorexie chez les femmes enceintes parue dans la revue The Lancet Psychiatry.
Des risques pour la future maman et pour le bébé
L’anorexie est un trouble du comportement alimentaire qui se caractérise par une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois et/ou années. Bien souvent, elle est associée à des problèmes psychologiques. En cas de grossesse, l’anorexie peut être très dangereuse pour la future maman et pour le bébé. La femme enceinte risque d’avoir des carences nutritionnelles et en vitamines, un poids trop faible, un stress accru, ainsi que de souffrir de dépression et/ou d’anxiété périnatale. Quant au bébé, il peut également être en sous-poids, naître prématurément ou encore être mort-né. Bien que les conséquences de ce trouble du comportement alimentaire soient graves, jusqu’à présent, les médecins n’avaient pas de recommandations claires sur la façon de le prendre en charge durant une grossesse.
Une approche multidisciplinaire
Ainsi, les chercheurs australiens ont mené des travaux pour savoir quels conseils donner aux professionnels de santé. "La prise en charge de l'anorexie mentale nécessite une approche d'équipe multidisciplinaire avec une expertise en santé mentale, en soins médicaux spécialisés et en diététique. Pendant la grossesse, les obstétriciens, en particulier ceux qui gèrent les grossesses à haut risque, les médecins et diététiciens spécialisés dans la grossesse, les pédiatres et les cliniciens en santé mentale spécialisés en périnatalité" doivent tous être impliqués dans la prise en charge de l’anorexie, soulignent-ils.
Les auteurs estiment que les soins apportés doivent relever à la fois de la santé mentale, obstétrique, médicale et nutritionnelle. "Il a été démontré que les mesures d'évaluation utilisées en dehors de la grossesse, comme l’indice de masse corporelle, ne sont pas probantes durant la grossesse. De toute évidence, l'évaluation et le suivi des mesures et des outils pour l'anorexie mentale nécessitent une modification dans le contexte de la grossesse", déclare Megan Galbally, l’une des autrices de l’étude. Autrement dit, tous les professionnels de santé spécialisés dans le suivi des femmes enceintes doivent être impliqués.