Une chute, même légère, peut avoir des séquelles presque indétectables. Des chercheurs israéliens en ont fait le constat. Dans leurs travaux, parus dans Scientific Reports, ils expliquent que des blessures légères à la tête chez l’enfant peuvent avoir des séquelles des années plus tard, sous la forme d’un syndrome post-commotionnel. Il s’agit de symptômes à la fois cognitifs, physiques mais aussi émotifs, qui persistent plusieurs semaines après le choc. Cela peut se manifester de manière chronique, avec des oublis répétés par exemple, des troubles de la mémoire, ou une sensibilité accrue à la lumière et au bruit.
Des dommages cérébraux difficiles à identifier
Dans cette étude, les scientifiques israéliens ont examiné 200 enfants qui ont subi une blessure à la tête. Tous ont pu quitter les urgences, après différents examens, car leur cas ne nécessitait pas d’intervention médicale. "Les enfants participant à l'étude sont arrivés aux urgences avec un léger traumatisme crânien et, après avoir passé la nuit en observation ou avoir été envoyés passer un tomodensitogramme de la tête, ils ont été renvoyés chez eux", complète Dr Eli Fried du Kaplan Medical Center. Les chercheurs les ont suivi de six mois jusqu’à trois ans après leur date de sortie. "Contrairement aux dommages aux grosses artères et à ceux visibles sur les tissus cérébraux, avec une blessure à la tête mineure, les atteintes concernent les petits vaisseaux sanguins et les neurones, expliquent les auteurs dans un communiqué. Et elles ne sont pas détectables sur les tomodensitogrammes de la tête ou sur les IRM." Seul un suivi à long terme permet d’identifier les symptômes, avec la réalisation d’imagerie cérébrale régulièrement. Au total, 25,3% des enfants suivis présentaient un syndrome post-commotionnel.
Des symptômes souvent confondus avec les troubles du déficit de l’attention
Or, dans de nombreux cas, les symptômes sont mal identifiés. "Le syndrome post-commotionnel persistant est un syndrome chronique qui résulte de microlésions des petits vaisseaux sanguins et des nerfs, qui peuvent apparaître plusieurs mois après le traumatisme crânien, et est donc souvent diagnostiqué à tort comme un déficit de l’attention (TDAH), explique le Dr Shai Efrati de l'Université de Tel-Aviv. Il existe des cas où des enfants signalent des maux de tête et sont diagnostiqués comme souffrant de migraines ou, par exemple, des enfants qui signalent des difficultés de concentration et le médecin prescrit du Ritalin (un traitement contre le TDAH ndlr)." Ce mauvais diagnostic, et les traitements inadaptés qui y sont associés, ne permettent pas de soigner ces enfants, qui continuent de souffrir des mêmes symptômes. "Il faut comprendre que les conséquences d'une lésion cérébrale pendant l'enfance se poursuivent tout au long de la vie", ajoute le Dr Uri Bella, directeur du service d’urgences pédiatriques au Kaplan Medical Center. Seul un diagnostic adapté permettra de les limiter.