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Benzodiazépines

Anxiolytiques et somnifères : ont-ils un impact sur les accidents du travail ?

Par Geneviève Andrianaly

Les benzodiazépines, aussi appelées "calmants" ou "tranquilisants", sont une famille de médicaments largement consommés en France, tels que les anxiolytiques et les somnifères. L’arrêt de ce traitement pourrait entraîner un surrisque d’accident du travail. Explications.

Ridofranz/iStock
En France, plus d'un million d’accidents du travail ont été recensés en 2019. Ce chiffre a baissé en 2020 en raison de la crise sanitaire. Pour preuve : le nombre d’accidents du travail reconnus a diminué de 17,7 % par rapport à 2019.
Les benzodiazépines peuvent provoquer des nausées, des maux de tête, une somnolence pendant la journée, une confusion, un manque de concentration, des pertes de mémoire, des étourdissements ou encore des troubles de l’équilibre susceptibles de provoquer une chute.
Contrairement à d’autres médicaments, ces effets secondaires ne s’estompent pas après quelques semaines de prise de traitement.

"Les benzodiazépines sont utilisées pour traiter l'insomnie et l'anxiété. Bien qu'elles soient connues pour induire des troubles cognitifs et psychomoteurs, leur effet sur le risque d'accident du travail reste peu étudié", a indiqué François-Olivier Baudot, pharmacien, statisticien à la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie (CNAM) et doctorant en économie de la santé (ERUDITE, UPEC). À partir de ce constat, il a décidé de réaliser des travaux avec l’aide de Thomas Barnay, professeur en économie à l’université Paris-Est Créteil (Val-de-Marne).

Pour mener à bien leur étude, relayée par le média The Conversation, les chercheurs ont analysé les données des Français ayant été victimes d’au moins un accident de travail entre 2017 et 2019, soit environ 2,5 millions d’adultes. L’objectif de leurs recherches était d'estimer l’effet de la prise des benzodiazépines sur le risque d’accident en différenciant l’utilisation recommandée de l'usage excessif, au-delà de la durée recommandée (c'est-à-dire un usage ininterrompu pendant 4 mois).

Un risque réduit dans le mois qui suit la première prise de benzodiazépines

D’après les résultats, il existe un risque d'accident du travail plus faible pour les personnes ayant consommé des benzodiazépines le mois précédent, bien que cet effet disparaisse pour les personnes ayant fait une surconsommation de benzodiazépines. Selon les auteurs, l’amélioration de l’état de santé du patient peut expliquer cette réduction du risque.

Autre raison possible : "la prise d’un médicament, dont on sait qu’il augmente le risque d’accident, peut conduire à une diminution (au moins temporaire) des activités les plus à risque, et à une augmentation de la vigilance. Les médecins peuvent également prescrire moins facilement ces médicaments aux salariés les plus exposés", ont développé les chercheurs dans la publication du média The Conversation.

L’arrêt du traitement est associé à un surrisque d’accident du travail

L’étude révèle que pour les adultes de moins de 45 ans, une surconsommation de benzodiazépines est associée à un risque accru d'accident du travail. "Par ailleurs, l'ensemble de la population présente un surrisque dans le mois suivant l'arrêt du traitement, qui pourrait provenir d’un effet rebond" et d’une reprise de l’exposition au risque professionnel à la suite d’une diminution, peut-on lire dans les travaux.

D’après les auteurs, ces résultats indiquent que les professionnels de santé et les consommateurs de benzodiazépines doivent être sensibilisés au risque d'accident du travail induit par la prise de benzodiazépines, non seulement au début du traitement mais aussi après une utilisation prolongée et après l'arrêt du traitement.