- Des chercheurs ont établi un lien entre sieste et troubles cognitifs chez les personnes âgées
- Les troubles du sommeil des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer qui les pousse à faire des sieste fréquentes seraient liés à une dégénérescence de neurones qui les maintiennent éveillés
40% de risques supplémentaires ! C’est le résultat d’une étude parue dans The Journal of the Alzheimer’s Association qui a étudié le lien entre maladie d’Alzheimer et sieste. D’après les chercheurs, les personnes âgées qui faisaient une sieste au moins une fois par jour, ou qui dormaient plus d'une heure en journée avaient 40% de risques supplémentaires de développer la maladie d'Alzheimer que celles qui ne faisaient pas de sieste quotidienne ou que celles qui faisaient une sieste dont la durée n'excédait pas une heure.
Pour arriver à ce résultat, ils ont examiné les données de 1 401 participants âgés en moyenne de 81 ans au Rush Memory and Aging Project, une étude destinée à analyser le déclin cognitif et la maladie d'Alzheimer, qu’ils ont suvis pendant 14 ans.
68 minutes supplémentaires par an
Au fil des années, la durée quotidienne des siestes a augmenté pour l’ensemble des participants, mais les chercheurs ont constaté des différences entre les personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer et les autres. Les siestes des participants qui n'ont pas développé de déficience cognitive se sont allongées en moyenne de 11 minutes par an. Chez les personnes pour lesquelles un diagnostic de déficience cognitive modérée était établi, cette durée faisait plus que doubler : la durée des siestes augmentait en moyenne de 25 minutes par an. Enfin, chez les participants pour lesquels un diagnostic de maladie d’Alzheimer était posé, cet allongement triplait encore, atteignant 68 minutes supplémentaires par an, en moyenne. De plus, les siestes diurnes plus longues ou plus fréquentes étaient corrélées à une moins bonne cognition un an plus tard, et inversement, une moins bonne cognition était corrélée à des siestes plus excessives un an plus tard.
Dégénérescence de neurones
La léthargie que connaissent de nombreux patients atteints de la maladie d'Alzheimer n'est pas due à un manque de sommeil, mais plutôt à la dégénérescence d'un type de neurone qui nous tient éveillés, selon une autre étude qui confirme également que la protéine tau est à l'origine de cette neurodégénérescence.
Les résultats de l'étude contredisent l'idée courante selon laquelle les patients atteints de la maladie d'Alzheimer dorment pendant la journée pour compenser une mauvaise nuit de sommeil et indiquent des thérapies potentielles pour aider ces patients à se sentir plus éveillés.
"Nous avons pu prouver ce que nos recherches précédentes indiquaient, à savoir que chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer qui ont besoin de faire des siestes en permanence, la maladie a endommagé les neurones qui les maintiennent éveillés", a déclaré Léa T. Grinberg, neuropathologiste qui, avec le psychiatre Thomas Neylan, est l'une des principaux auteurs de l'étude, publiée dans le numéro du 4 avril 2022 de JAMA Neurology.
"Ce n'est pas que ces patients sont fatigués pendant la journée parce qu'ils n'ont pas dormi la nuit", a noté l’experte. "C'est que le système de leur cerveau qui les garderait éveillés a disparu”.