Des scientifiques d’INRAE et du Centre de Recherche en Nutrition Humaine (CRNH) Rhône-Alpes ont mis au point un nouveau pain, capable d’améliorer les taux de cholestérol et la sensibilité à l'insuline en modulant la composition du microbiote. Leur découverte a été publiée et détaillée dans la revue scientifique Gut Microbes.
Fibres alimentaires
Certains facteurs de risque cardiométabolique, comme l’adiposité ou la résistance à l’insuline, sont connus pour être associés à un microbiote intestinal appauvri, dû notamment à un faible apport en fibres alimentaires. "La quantité de fibres n’est pas le seul facteur important, leur qualité et leur diversité sont tout aussi essentielles", précisent les chercheurs. Mais alors, est-il possible d’enrichir son microbiote en modulant son apport de fibres ?
C’est pour répondre à cette question que le projet BREATH a été lancé. Dans cette étude, réalisée entre juillet 2017 et juillet 2018, les chercheurs ont augmenté la quantité et la diversité des fibres alimentaires consommées, via un pain multifibres, chez 39 sujets à risque cardiométabolique. Ils ont ensuite étudié les effets induits de cette consommation, d’une part sur le microbiote intestinal, d’autre part sur le profil cardiométabolique des volontaires.
"Un outil nutritionnel simple et abordable"
Leurs résultats sont encourageants : la consommation quotidienne de 150 g de pain multifibres pendant huit semaines a doublé l’apport quotidien de fibres des participants, et modifié la composition et les fonctions de leur microbiote intestinal. "L'abondance de certaines espèces bactériennes potentiellement anti-inflammatoires a augmenté, en particulier les Parabacteroides distasonis, dont la quantité a été multipliée par 8 en moyenne avec le pain multifibre", constatent les chercheurs. "La capacité du microbiote intestinal à dégrader les fibres alimentaires dominantes a aussi été modulée", poursuivent-ils.
Ils ont aussi constaté chez les mangeurs de pain multifibres une amélioration de leurs profils lipidiques - cholestérol total (- 0,42 mmol/L) et cholestérol LDL (- 0,36 mmol/L) - ainsi que de leur sensibilité à l’insuline (plus de 20%), significatives pour la réduction du risque cardiométabolique. "Augmenter la diversité des fibres alimentaires consommées en utilisant un outil nutritionnel simple et abordable tel que ce pain multifibre pourrait ainsi être une approche nutritionnelle pertinente pour améliorer le profil cardiométabolique chez des sujets à risque", concluent les chercheurs.