Une expression de visage ou un timbre de voix montrant de la colère ? C'est un homme ! Un visage et une voix exprimant le bonheur ? C'est une femme ! Voilà en tout cas les perceptions les plus communes du lien posé à priori entre des sentiments et le genre. Mais ce que montre en plus une étude menée par le Dr Sebastian Korb de l'université d'Essex et publiée dans la revue Emotion, c'est que l'inverse est vrai aussi et que la traduction d'une expression est influencée par le sexe de celui ou celle qui la manifeste !
Attention aux premières impressions
"Cette étude montre à quel point il est important de ne pas trop se fier à ses premières impressions car elles peuvent facilement être erronées; la prochaine fois que vous vous retrouvez à attribuer du bonheur ou de la tristesse à une femme, soyez conscient de votre préjugé et d'une éventuelle mauvaise interprétation !", avertit le Dr Korb.
Pour aboutir à ces conclusions, il a utilisé 121 visages avatars et 121 voix humaines créées de toute pièce et a modifié l'expression émotionnelle entre différents stades allant de la joie à la colère tout en, faisant varier le sexe sur une échelle mobile d'homme à femme. Une machine infernale pour tromper une observation influencée par des préjugés ! C'est à elle que les 256 participants à l'étude ont été confrontés en étant invités à juger des émotions et à déterminer en même temps si quelqu'un était un homme ou une femme.
Les explications rationnelles manquent
En analysant les réponses, le lien inconscient entre certaines émotions et le genre a bien été établi avec, malgré tout, une propension des participants à être davantage influencés par la nature de l'émotion dans la perception du sexe plutôt que l'inverse.
En revanche, cette étude nous laisse sur notre faim si l'on attend des explications à ces comportements. L'auteur précise tout juste que ces réactions peuvent être dues à une activation inconsciente de l'amygdale, une zone cérébrale essentielle dans la gestion des émotions mais qui n'est pas connue comme étant impliquée dans la détermination du sexe d'une personne. Alors, comme souvent lorsque les explications rationnelles n'existent pas, on ne peut que faire des suppositions en s'appuyant sur ce que l'on sait de nos réflexes ancestraux naturels. Et ceux-ci laissent penser que le lien entre la colère et le sexe masculin viendrait de notre évolution et serait un vestige de l'image donnée par les hommes qui se préparaient soit au combat, soit à la fuite. Deux situations effectivement inconfortables !