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Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

Nobel de la Paix : un prix pour la lutte contre des armes mortelles

Par Afsané Sabouhi

Le comité Nobel a décerné le Nobel de la paix à l'Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Elle se bat notamment contre l'utilisation du sarin en Syrie, une arme qui s'attaque aux poumons.

Des victimes d'une attaque chimique à l'hôpital d'Alep, en Syrie. Uncredited/AP/SIPA
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On parlait de Malala Yousafzai, la militante pakistanaise, de Denis Mukwege, un médecin congolais, qui se bat contre les violences sexuelles… C’est finalement l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) qui s’est vu décerner le prix Nobel de la paix. Cette organisation internationale basée à La Haye aux Pays-Bas et qui veille à ce que la Convention internationale sur les armes chimiques soit bien appliquée. Cette convention vise à l’élimination pure et simple des armes chimiques dans les 189 pays signataires.


L’OIAC, très peu connue du grand public, a été sur le devant de la scène dernièrement puisqu’elle travaille, avec l’Organisation des Nations Unies, au démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Dans ce conflit, le recours aux armes chimiques a longtemps été suspecté. En mai dernier, la preuve de l’utilisation du gaz sarin a été apportée. Et au mois d’août, Médecins sans frontières (prix Nobel de la Paix en 1999) a déclaré avoir reçu, dans trois des hôpitaux qu’elle soutient, pas moins de 3600 patients souffrant de symptômes neurotoxiques, dont 355 seraient morts.


Que sait-on sur le gaz sarin ?

Tout d’abord, il ne s’agit pas d’un gaz mais d’un liquide extrêmement volatil, inodore et incolore. Il fait partie de la famille chimique des neurotoxiques organophosphorés dans laquelle on trouve des gaz militaires et des insecticides. Comme l'expliquait le toxicologue Jean-Marc Sapori à la webradio Fréquence M en mai dernier, « il perturbe le système nerveux central et la neurotransmission de l’acétylcholine.»


Ecoutez le Dr Jean-Marc Sapori, toxicologue au centre anti-poison de Lyon : « Les personnes se mettent à saliver, à avoir des larmoiements, et surout d'importantes sécrétions bronhiques, qui peuvent les étouffer. »



L’utilisation du sarin lors des attentats du métro de Tokyo en 1995 a également montré que ce neurotoxique provoquait une diminution du diamètre de la pupille par contraction de l'iris et des convulsions. En fonction de la concentration, de la durée et du mode d’exposition, qui peut être respiratoire ou cutané, la paralysie des centres respiratoires et l’asphyxie peut survenir en 10 minutes à une heure.

 

Un antidote peu disponible en Syrie

Un délai qui laisse donc peu de temps pour agir, d’autant que les traitements sont limités. Les symptômes respiratoires peuvent être pris en charge grâce à l’intubation et à la ventilation assistée. On peut aussi utiliser un médicament, l’atropine, à fortes doses, pour tarir les sécrétions au niveau des poumons. Par ailleurs, il existe effectivement un antidote mais qu’il paraît difficile d’envoyer en Syrie en grande quantité.

 

Ecoutez le Dr Jean-Marc Sapori : « L'antidote régénère les récepteurs sur lequel le sarin s'est fixé. Mais, il est produit est petite quantité. »



Pour traiter les effets du sarin, il faudrait aussi un système de santé très organisé, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui en Syrie. Delon l’Organisation mondiale de la santé au moins 35% des hôpitaux publics sont hors service et 70% des professionnels de santé ont fui le pays.