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Grossesse

Comment la dépression post-partum peut impacter le système immunitaire

Par Diane Cacciarella

Les femmes qui souffrent de dépression post-partum auraient des lymphocytes B différents de celles qui ne sont pas atteintes de ce syndrome après l’accouchement. Explications.

nicoletaionescu/istock
Après l’accouchement, beaucoup de femmes ressentent de la tristesse ou des pleurs incontrôlés mais qui s'atténuent rapidement, c'est ce qu’on appelle le baby blues.
Il est à différencier de la dépression du post-partum qui nécessite une prise en charge rapide et adaptée pour soigner la maman.

10 à 15 % des jeunes mères souffrent de dépression post-partum en France, selon un rapport de la Commission des 1 000 premiers jours publié en septembre 2020. La période post-partum va de l’accouchement jusqu’à environ six semaines après et, à ce moment, certaines femmes peuvent être atteintes de dépression, la dépression post-partum. Les symptômes sont généralement une fatigue intense, des difficultés à gérer le stress, des pleurs incontrôlables, une irritabilité, une dévalorisation de soi, une incapacité à apprécier son rôle de parent, des idées noires, etc. Ces signaux doivent alerter car cette maladie peut avoir de graves conséquences. En effet, selon un rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (Encmm) pour la période 2013-2015, le suicide constitue la deuxième cause de décès maternels en France. 

Une maladie encore peu connue au niveau biologique

"Nous n'avons pas compris la dépression post-partum", assure Jerry Guintivano, l’un des auteurs d’une étude sur les mécanismes biologiques de cette maladie qui vient d’être publiée dans la revue Molecular Psychiatry. De nombreuses recherches biologiques se concentrent sur les gènes et les hormones, nous sommes avancés (au niveau scientifique) sur certains médicaments spécifiques à la dépression post-partum, mais il est important d’élargir les voies thérapeutiques pour la traiter car toutes les manifestations de  la dépression post-partum ne sont pas identiques”. 

L’importance des lymphocytes B

Pour mieux comprendre les mécanismes biologiques de cette maladie, les auteurs ont analysé des échantillons de sang de 1 500 femmes, dont 482 étaient atteintes de dépression post-partum. Ils ont aussi étudié l’ARN et l’ADN de ces femmes, soit deux facteurs qui n’ont jamais été pris en compte lors des précédentes études. Ainsi, ils ont découvert que la différence entre les femmes atteintes de dépression post-partum et celles qui ne l’étaient pas était les lymphocytes B. Il s’agit de globules blancs qui ont pour rôle important dans le système immunitaire. Ils aident l’organisme à se défendre face aux agressions infectieuses en produisant des anticorps. 

Les changements hormonaux du système immunitaire

"Le système immunitaire a un rôle très important et délicat pendant la grossesse, explique Jerry Guintivano, l’un des auteurs. Il doit prévenir l'infection par un rhume mais également s'ajuster finement pour ne pas identifier le fœtus comme un corps étranger et l'attaquer. Ensuite, dans la période post-partum, toutes les hormones se réinitialisent pour revenir à la période d’avant la grossesse”. Autrement dit, le système immunitaire des femmes est mis à rude épreuve lorsqu’elles sont enceintes car il doit s’adapter, ce qui implique de grands changements hormonaux. 

Poursuivre les recherches

D’après les conclusions des chercheurs, durant la période post-partum, les lymphocytes B des femmes atteintes de dépressions et celles qui n’en souffrent pas seraient donc très différents de ceux des patientes qui n’en souffrent pas. "Ce n'est vraiment que la première étape d'une longue série de recherches qui doivent maintenant être effectuées, poursuit Jerry Guintivano. Nous ne savons toujours pas pourquoi les lymphocytes B changent. Reflètent-ils un autre changement dans le corps qui est causé par ou qui cause la dépression post-partum ? Quelle est la raison du changement des lymphocytes B ?”. Les chercheurs espèrent trouver la réponse à ces questions lors de futures études.