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Une étude sur plus de 37000 tweets

Twitter, un outil efficace contre le suicide

Par Melanie Gomez

Des chercheurs américains révèlent que le ratio de tweets suicidaires reflète bien le taux de suicide réel. Ils suggèrent d’utiliser Twitter comme un outil de prévention.  

JAUBERT/SIPA

« Sur les réseaux sociaux, les enfants par exemple, disent parfois des choses qu’ils ne disent pas à haute voix à un adulte ou même à un ami » explique Christophe Giraud-Carrier, chercheur en informatique et auteur d’une nouvelle étude étonnante qui vient d’être réalisée sur Twitter. En effet, une équipe de scientifique de la Brigham Young University a passé à la loupe des millions de tweets en provenance des 50 états américains, à la recherche de messages à caractère suicidaire. Pour les auteurs de cette enquête, le célèbre réseau social pourrait être un moyen efficace d'identifier les utilisateurs à risque de suicide.


Des millions de tweets analysés

Pendant trois mois, les algorithmes mis au point par ces informaticiens ont donc trié des millions de messages provenant des tous les Etats-Unis afin d’isoler ceux à caractère suicidaire. Leur moteur de recherche a ciblé toutes les discussions publiques où le sujet du suicide était clairement affiché, mais également certains mots clefs ou expressions associés au risque de commettre un tel acte, comme « dormir beaucoup » ou « j’ai déjà essayé de me tuer ». Au total, 37 717 tweets troublants ont été retenus par ces chercheurs venant de 28 088 utilisateurs uniques pour lesquels certaines informations de localisation étaient disponibles. Les auteurs de cette étude publiée dans la revue Crisis concluent que pour chaque état américain, le ratio de messages évoquant directement ou non cet acte tragique, était corrélé au taux de suicide réel dans la population. En Alaska par exemple, qui à l’un des taux de suicide le plus élevé du pays, 61 utilisateurs de Twitter à risque de suicide ont été identifiés par cette enquête. Autre exemple dans l’Etat du Texas où le taux de suicide est plus faible mais où la population est nettement plus importante, plus de 3000 tweetos sont apparus comme à risque.

 

Certains suicides évitables grâce à Twitter

« Quelqu'un doit faire quelque chose, conclut Christophe Giraud-Carrier. Pourquoi n’utiliserions-nous pas les réseaux sociaux comme un complément de ce qui existe déjà en matière de prévention du suicide? ». Selon les auteurs de l'étude, il serait en effet assez simple d’utiliser Twitter comme un outil pour prévenir ces drames, car la plupart des messages postés sont visibles par tous et ouverts à une réponse éventuelle. Des recherches antérieures montrent qu'environ 15% des tweets contiennent des informations de localisation au moins par Etat. Pour les auteurs de cette enquête, c’est un argument supplémentaire pour encourager les autorités sanitaires de chaque Etat américain à s’emparer du problème. Et ces chercheurs en informatique ne comptent pas en rester là. Ils espèrent également pouvoir développer un jour une application pour les écoles ou les universités, qui leur permettrait d’analyser les informations à risque postées par les élèves ou les étudiants sur les réseaux sociaux. Une application qui enverrait des notifications à des conseillers scolaires lorsqu’un étudiant publie un message inquiétant ou un appel à l’aide.