- Le syndrome de Cloves a été observée pour la première fois en 2006.
- Une maladie est dite orpheline lorsqu’il n’existe pas de traitement efficace pour la soigner.
- Entre 1 000 et 1 200 personnes seraient concernées en France.
Le syndrome de Cloves n’est plus une maladie orpheline : un traitement est désormais disponible. Mercredi 6 avril, La Food and Drug Administration, l’autorité américaine de régulation sanitaire, a approuvé l’utilisation de l’alpelisib comme médicament contre cette pathologie, que le grand public a découvert avec le film Elephant Man (1980). La molécule a été identifiée par un chercheur français, Guillaume Canaud et son équipe.
Autorisation de mise sur le marché ???????? d'une molécule issue de la recherche ???????? contre le syndrome de #CLOVES et apparentés#Bravo à @CanaudLab pour cette avancée offrant l’espoir d’une meilleure qualité de vie aux patients atteints de ces #maladiesrares. https://t.co/SwvEsAn2YY pic.twitter.com/9mZlOAb0v0
— Inserm (@Inserm) April 7, 2022
Qu’est-ce que le syndrome de Cloves ?
Cloves est l’acronyme de Congenital Lipomatous Overgrowth, Vascular Malformation, Epidermal Nævi. La maladie est caractérisée par l’apparition d’excroissances, de déformations et de tuméfactions vasculaires. "Dans les formes les plus graves, il existe des excroissances de tissu graisseux, des malformations vasculaires, une scoliose, des manifestations touchant le squelette comme un élargissement majeur des os ou encore des déformations d’organes tel que le cerveau ou les reins", précise l’Inserm dans un communiqué. Selon différents travaux, la pathologie est liée aux mutations d’un gène, PIK3CA. Jusqu’à aujourd’hui, il n’existait pas de traitement curatif. Les médecins pouvaient seulement prescrire des médicaments agissant contre les symptômes de la maladie. Les personnes atteintes de formes graves peuvent être amenées à subir des embolisations, des interventions chirurgicales visant à boucher certains vaisseaux sanguins responsables de lésions, ou des chirurgies mutilantes pour préserver les organes ou les membres sains.
Des travaux au long cours
Fin 2015, le Dr Guillaume Canaud a reçu un patient de 29 ans, atteint d’un syndrome de Cloves très évolué, "avec un pronostic engagé pour lequel plus aucune chirurgie ou embolisation radiologique ne pouvait être proposée", précise l’APHP dans un communiqué. Le médecin a contacté le laboratoire Novartis qui travaillait alors au développement en cancérologie d’un inhibiteur spécifique du gène PIK3CA appelé BYL719. Le médecin a obtenu l’autorisation de l’ANSM pour réaliser un essai avec ce médicament. "Très rapidement, un effet positif a été observé sur l’ensemble des symptômes, est-il indiqué dans le communiqué. Il a notamment été constaté une diminution importante des masses vasculaires et des excroissances dont le patient souffrait mais aussi une amélioration majeure de sa qualité de vie. Dix-huit mois plus tard, ce premier patient n'a présenté qu’un seul effet secondaire, une hyperglycémie, bien contrôlée par un simple régime alimentaire." Ces résultats ont poussé le scientifique à poursuivre ses recherches. Dans une étude menée auprès de 57 patients, dont 44 enfants, le médicament a montré son efficacité : "les patients traités avec cette molécule ont connu une réduction du volume de la lésion cible et une amélioration significative des symptômes et des manifestations liées au PROS (le nom de la mutation génétique ndlr)." Ce bilan concluant a permis l’autorisation de ce médicament outre-Atlantique. "Je suis fier de cet aboutissement exceptionnel qui va offrir une possibilité de traitement médicamenteux pour les patients atteints de syndrome de surcroissance ou d’anomalies vasculaires liées à une mutation PI3KCA", se félicite le Pr Guillaume Canaud. "Il s’agit d’une avancée majeure pour l’amélioration de la prise en charge des patients." Une étude clinique randomisée est encore en cours en Europe, et il faudra attendre ses résultats pour savoir si le médicament pourra être prescrit sur le Vieux continent.