21 %. C'est la proportion d'adultes qui seront touchés au cours de leur vie par des troubles anxieux, selon l’Inserm. Ces troubles regroupent les phobies, l’agoraphobie, le trouble d’anxiété sociale ou de séparation mais aussi l’anxiété généralisée. Cette dernière se caractérise par une inquiétude permanente et excessive, un sentiment persistant d’insécurité, une agitation, de la nervosité, de la fatigue, des difficultés de concentration, des tensions musculaires ou des troubles du sommeil. Mais d’une personne à l’autre, ces symptômes peuvent être différents. Pour prendre en charge l’anxiété et ses symptômes, les praticiens proposent généralement une psychothérapie et des traitements adaptés.
Des chercheurs de l’Université des sciences de Tokyo ont peut-être trouvé un nouveau moyen de soulager les patients qui souffrent d’anxiété. Selon eux, le disulfirame (DSF), un médicament initialement utilisé pour traiter l'alcoolisme chronique, pourrait réduire l’anxiété. Pour l’instant, ils n’ont observé aucun effet secondaire. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Frontiers in Pharmacology.
Le disulfirame inhibe l’action d’une protéine appelée "FROUNT"
Pour parvenir à leurs résultats, les scientifiques ont mené leurs expériences sur des souris. Sur elles, ils ont donc testé le disulfirame, qui a pour principal rôle d’inhiber l’action de l'enzyme aldéhyde déshydrogénase (ALDH). Il s’agit d’une protéine hépatique responsable du métabolisme de l'alcool. Néanmoins, de récentes études ont prouvé que le DSF inhibait aussi une protéine appelée "FROUNT", qui contrôle le sens de migration de certaines cellules immunitaires. C’est la raison pour laquelle les chercheurs ont mené cette étude.
Ainsi, le médicament pris par les patients empêcherait aussi la protéine "FROUNT" d’interagir avec deux récepteurs appelés CCR2 et CCR5. Cette action est pourtant très importante pour le bon fonctionnement du système immunitaire et, chez les rongeurs, dans la régulation des comportements émotionnels. Ce lien entre FROUNT et ces récepteurs avait déjà été prouvé par de précédents travaux, mais pas l’association exacte avec le DSF. Une inconnue que les scientifiques viennent donc de lever.
"Le potentiel pour devenir un traitement psychotrope révolutionnaire"
"Ces résultats indiquent que le DSF peut être utilisé en toute sécurité par les patients âgés souffrant d'anxiété et d'insomnie. Ce médicament a le potentiel pour devenir un traitement psychotrope révolutionnaire", a assuré Akiyoshi Saitoh, l’un des auteurs de l’étude. Et ce, d’autant plus que les scientifiques n’ont observé aucun effet secondaire chez les rongeurs. "Nous souhaitons désormais mieux identifier la façon dont le DSF agit. Ainsi que le rôle exact de la molécule FROUNT dans le système nerveux central", a-t-il poursuivi.