Un adulte sur cinq parmi ceux qui ont été exposés enfants à la violence conjugale chez leurs parents ont développé un trouble dépressif majeur à un moment de leur vie. Mais si l'on pouvait anticiper ce résultat d'une étude réalisée par l'université de Toronto et publiée dans le "Journal de la Violence Familiale", celle-ci montre aussi que trois personnes sur cinq ayant vécu cette violence sont des adultes en excellente santé mentale. Et ce résultat-là était moins attendu.
Les violences aux enfants exclues de l'analyse
Pour mener ce travail, les scientifiques ont analysé un échantillon de près de 18 000 personnes parmi lesquelles 326 ont déclaré avoir été témoins durant leur enfance (plus de 10 fois avant l'âge de 16 ans) de violence domestique parentale (PDV). Pour écarter l'impact d'autres adversités souvent liées à ce type de violence, les scientifiques ont exclu tous ceux qui auraient été victimes d'abus sexuels durant l'enfance. Un adulte sur cinq (22,5%) ayant assisté aux violences conjugales de ses parents a déclaré avoir développé un épisode dépressif majeur, un sur six avoir développé un trouble anxieux et un sur quatre des troubles liés à l'utilisation de substances.
"Nos résultats soulignent le risque de conséquences négatives à long terme de la violence domestique même lorsque les enfants eux-mêmes ne sont pas maltraités, ce qui montre la nécessité pour les travailleurs sociaux d'être vigilants pour prévenir cette violence domestique et soutenir à la fois les victimes directes et leurs enfants", souligne Esme Fuller-Thomson, auteur de cette étude et professeur à la faculté de travail social.
Trois sur cinq... en excellente santé mentale
Mais, vue avec un regard plus optimiste, la même étude montre également que trois adultes sur cinq ayant été témoins dans l'enfance de violences conjugales entre leurs parents sont... en excellente santé mentale, heureux de leur vie et déclarant un haut niveau de bien-être social et psychologique ! "Nous avons été encouragés de découvrir que tant d'adultes ont surmonté leur exposition à cette adversité précoce et sont exempts de toute maladie mentale", se réjouit Shalhevet Attar-Schwartz, co-auteur de l'étude. Mais il remarque que celle-ci a bien montré que le soutien social était un facteur important pour surmonter de telles épreuves : "Ceux qui avaient le plus de soutien social avaient beaucoup plus de chances d'être en excellente santé mentale", constate-t-il.