"C’est un tsunami qui arrive, une véritable épidémie silencieuse. Aujourd’hui, 30% des Français sont allergiques, et dans 20 ans, on pense que ce sera 50%". Lors de la 17e édition du Congrès Francophone d’Allergologie hier matin, Frédéric de Blay, professeur de pneumologie au sein des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, a détaillé le nouveau plan quinquennal de lutte contre les allergies que les professionnels du secteur ont mis sur pied.
"Les allergies sont non seulement plus nombreuses, mais elles sont aussi de plus en plus graves", poursuit-il. "Ces pathologies touchent aussi davantage de jeunes enfants. Désormais, on peut voir des nourrissons souffrant de rhinites allergiques, alors que ce n’était pas le cas avant", souligne également la pédiatre Jocelyne Just.
7 axes de travail ont été définis pour les cinq prochaines années :
1/ Améliorer la coordination des professionnels de santé et l’organisation des soins.
"De nombreux allergologues vont bientôt partir à la retraite, et il y a déjà des temps d’attente considérables dans certaines régions pour obtenir un rendez-vous. Les patients peuvent parfois patienter près d’un an", déplore Frédéric de Blay. "En ce sens, il ne faut pas que les allergologues hésitent à déléguer, par exemple aux pharmaciens", ajoute-t-il.
2/ Garantir la mise à disposition des traitements adaptés pour les allergiques sévères.
"C’est un outil thérapeutique essentiel, mais tout le monde n’a pas accès à la désensibilisation. Ce n’est pas normal. Il faut que le remboursement soit concret et obtenu", poursuit Frédéric de Blay, qui milite aussi pour le développement de la recherche en allergologie.
3/ Prendre appui sur le virage numérique pour améliorer la prise en charge.
"Il faut favoriser le développement de la téléconsultation et harmoniser les logiciels", estime Frédéric de Blay. "Il me semble également important de vérifier quels sont les outils numériques pertinents, et ceux qui le sont moins", ajoute le Pr Alain Didier, président de la Société Française d’Allergologie.
4/ Répondre à l’urgence de santé publique que constituent les allergies alimentaires.
"Les intolérances alimentaires sont de plus en plus complexes, certains enfants étant désormais allergiques à de nombreux produits en même temps. Pour leur faciliter la vie, il faut notamment progresser sur l’étiquetage des produits", juge Frédéric de Blay.
6/ Renforcer l’information du grand public sur le risque allergique.
"Les allergies sont mal connues, alors qu’elles peuvent être mortelles. Il faut mieux informer les gens, avec par exemple la création d’un portail internet de référence destiné au grand public", développe Frédéric de Blay. "Il faut également mieux inclure les patients dans la chaîne de soins, il y encore trop de passivité", complète le Pr Alain Didier.
7/ Consolider la place accordée aux enjeux de santé environnementale.
"L’impact de l’environnement sur les allergies est important, car on suspecte le réchauffement climatique d’aggraver les intolérances au pollen ou aux moisissures par exemple", explique Frédéric de Blay. "Je suis aussi frappé par la multiplication des intolérances aux éléments irritants, que je ne voyais pas au début de ma carrière", poursuit le spécialiste.
6/ Mettre en place un Observatoire de la lutte contre les allergies en France.
"Cette institution nous permettra notamment de voir comment nous avons avancé d’ici cinq ans", conclut Frédéric de Blay.
Ci-dessous notre émission C' Notre Santé sur le thème : "Ma vie avec des enfants souffrant d'allergies alimentaires" :