L’infertilité est un problème de santé publique affectant des millions de couples en France, sur lequel la chimiothérapie a des effets particulièrement délétères. "Comprendre les mécanismes à l’origine de ces effets négatifs est une priorité afin de mieux les prévenir et de restaurer la fertilité chez les survivants du cancer", expliquent des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, du CNRS et de l’université Clermont Auvergne.
"Réduire le renouvellement"
Dans une nouvelle étude publiée dans le journal Advanced Science, ils se sont donc intéressés à un récepteur que l’on retrouve sur les cellules germinales masculine à l’origine des gamètes, appelé "TGR5".
Afin de mieux comprendre son rôle, les scientifiques ont exposé des souris à un agent de chimiothérapie appelé busulfan. Ils ont alors montré que la chimiothérapie induit la mort d’une partie des cellules germinales chez des souris saines, affectant ainsi leur fertilité. "Le fait que ce soit les cellules germinales, encore indifférenciées, qui soient touchées est particulièrement problématique car l’on touche à la réserve des cellules produisant les gamètes. Cela peut réduire leur renouvellement et contribuer à l’infertilité post-chimiothérapie", souligne David Volle, l’un des auteurs de l’étude.
En revanche, chez des souris qui ont été génétiquement modifiées pour que les récepteurs TGR5 soient absents, les effets de la chimiothérapie sur les cellules germinales ont été atténués. Cela s’est traduit par un retour accéléré de la fertilité chez ces souris traitées au busulfan par rapport aux souris témoins.
Mécanismes moléculaires
"Notre étude a donc permis de mieux comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans les impacts délétères des chimiothérapies sur les cellules germinales et la fertilité. En effet, ces résultats démontrent que les récepteurs TGR5 jouent un rôle important", ajoute David Volle.
A plus long terme, l’objectif serait de développer des méthodes pour moduler l’activation des récepteurs TGR5 de manière ciblée au sein des cellules germinales, afin de protéger ces dernières et de restaurer la fertilité après la chimiothérapie. L’idée serait aussi d’évaluer si ces données peuvent être extrapolées dans d’autres contextes pathologiques où l’activité des récepteurs TGR5 pourrait être modulée, telles que l’obésité ou le diabète, des pathologies connues pour altérer la fertilité.