“Les antibiotiques, ce n’est pas automatique”. Si on connaît ce slogan par coeur, on ignore souvent pourquoi il ne faut prendre ces médicaments que lorsque c’est vraiment nécessaire. Une étude apporte un nouvel élément de réponse : publiée dans la revue Environmental Science & Technology, elle montre que le simple fait d'être exposé aux antibiotiques peut avoir un effet négatif, tant sur les organismes exposés que sur leur descendance.
Défenses antibactériennes affaiblies
Plus précisément, l'étude montre que la première génération de poissons zèbres, nés de parents exposés aux CTC, un antibiotique courant, avait des défenses anti-bactériennes affaiblies et que le nombre de leurs cellules immunitaires diminuait. Ce dernier constat s'applique également à la troisième génération. Lorsque le système immunitaire d'un organisme est affaibli, celui-ci devient moins apte à combattre les virus et les bactéries et donc plus sujet aux maladies.
"Dans cette étude, nous avons examiné la progéniture de poissons zèbres qui ont été exposés au CTC. Les concentrations de CTC de l'expérience correspondaient aux concentrations que les organismes sauvages peuvent rencontrer dans la nature. Nous pouvons constater que les jeunes générations, c'est-à-dire la progéniture, sont moins efficaces pour combattre les bactéries et ont en général un système immunitaire plus faible que la génération parentale", explique le co-auteur correspondant de l’étude, Elvis Genbo Xu, expert en éco-toxicologie et professeur adjoint au département de biologie de l'université du Danemark du Sud.
Impact négatif des antibiotiques
Cette nouvelle étude s’inscrit dans un contexte où l’impact négatif des antibiotiques sur la santé publique et l’environnement naturel est prouvé scientifiquement et la situation préoccupante.
Depuis leur invention, nous utilisons les antibiotiques à des doses si importantes et si souvent que de plus en plus de personnes deviennent résistantes puisque cette résistance est directement liée à la quantité d’antibiotiques consommée.
Ainsi, des infections autrement banales et inoffensives peuvent devenir mortelles: chaque année plus de 700 000 personnes meurent à cause de la résistance aux antibiotiques - un chiffre qui devrait atteindre 10 millions en 2050.
Pollution de l’eau
De plus, il est difficile de ne pas entrer en contact avec eux puisqu’ils sont souvent présents dans les eaux usées, les eaux souterraines, les eaux de surface et même l'eau en bouteille.
"La demi-vie des antibiotiques est assez courte - ils sont de nouveau hors de l'eau après quelques heures ou quelques jours - mais comme de grandes quantités sont continuellement libérées dans notre eau, nous considérons les antibiotiques comme une pollution de l'eau pseudo persistante", explique Elvis Genbo Xu, expert en écotoxicologie et professeur adjoint au département de biologie de l'université du Danemark du Sud, à l’origine d’une nouvelle étude sur les effets indésirables des antibiotiques.