2 à 5 %. C’est la part de la population qui souffrirait d’une aphantasie, d’après les estimations. Ce trouble neurologique se traduit par une incapacité à représenter une image mentale. En clair, les patients touchés par cette pathologie ne sont pas capables de visualiser des visages, des paysages ou encore des animaux dans leur tête. Dans une étude publiée dans le journal scientifique eLife, des chercheurs de l’université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW Sydney) en Australie ont indiqué que cette affection pouvait potentiellement être détectée grâce à une analyse de la réponse pupillaire à la lumière.
"La réponse pupillaire à la lumière est une importante réponse physiologique automatique qui optimise la lumière atteignant la rétine. Des travaux récents ont montré que la pupille s'ajuste également en réponse à la luminosité illusoire et à une série de fonctions cognitives. Cependant, on ne sait pas exactement ce qui conduit ces changements endogènes", ont-ils écrit dans les travaux.
Une analyse des réactions pupillaires
Pour les besoins de leur étude, les scientifiques ont recruté 60 personnes. Dans un premier temps, ils ont évalué leur réflexe pupillaire. Pour cela, les auteurs leur ont demandé de porter des lunettes spéciales afin de suivre leurs mouvements oculaires et la taille de leurs pupilles. Ensuite, les volontaires ont été exposés à des formes lumineuses ou sombres sur un fond gris, ce qui a provoqué une constriction pupillaire en réponse aux formes lumineuses et une dilatation pupillaire en réponse aux formes sombres.
Afin de tester leur imagerie visuelle, à savoir la capacité de leur esprit à visualiser des images, l’équipe a demandé aux participants d'imaginer les mêmes formes claires ou sombres qu’ils ont observées durant l’expérience précédente. Les adultes ont dû le faire en gardant les yeux ouverts, pour que leurs pupilles puissent être suivies.
La dilatation des pupilles, un indice pour détecter l'aphantasie
D’après les résultats, 42 volontaires avaient des compétences standards d’imagination visuelle et 18 personnes souffraient d’aphantasie. Selon les chercheurs, les pupilles des personnes atteintes de ce trouble neurologique ne réagissaient pas lorsqu'on leur demandait d'imaginer des formes sombres et claires, alors que celles des adultes non-aphantasiques le faisaient. "Nos résultats fournissent des preuves que la réponse de la lumière pupillaire indexe la force sensorielle de l'imagerie visuelle. Ce travail fournit également la première validation physiologique de l'aphantasie", peut-on lire dans l’étude.