- Des modifications de l'ADN provoquent l'apparition ou la croissance des tumeurs
- Ces mutations peuvent être dues à des facteurs identifiés et évitables
- Mais le vieillissement et le hasard jouent aussi un rôle dans l'apparition et l'évolution d'un cancer
"Qu'est-ce qui transforme des cellules en cancer au lieu de rester des tissus normaux ?". C'est LA question autour de laquelle tourne le débat sur la possibilité d'avoir un contrôle sur l'apparition et le développement de cette maladie. Et c'est celle que se sont posés des chercheurs de Yale pour aboutir à pouvoir quantifier les facteurs provoquant des modifications de l'ADN qui contribuent à l'apparition du cancer et à la croissance des tumeurs. "Nous pouvons désormais répondre à la question : quelle est la source sous-jacente des mutations qui provoquent le cancer", explique le Pr Jeffrey Townsend dans l'article de la revue Molecular Biology and Evolution qui rend compte des travaux qu'il a pilotés.
Si cette question de la vraie origine du cancer est centrale, c'est parce que l'on sait aujourd'hui que la plupart de ces maladies sont évitables par de simples choix de mode de vie. Se protéger des expositions au soleil permet d'échapper au mélanome, ne pas fumer d'éviter de développer un cancer du poumon. Voilà pour deux maladies liées de manière caricaturale à des comportements. Oui, mais ... Toux ceux qui reçoivent des ultra-violets n'ont pas un cancer de la peau, tous les fumeurs ne développent pas de tumeurs aux poumons. Alors quelle est la part des comportements dans l'apparition de la maladie par rapport à deux autres facteurs que sont le vieillissement et.. la chance ?
La part des facteurs connus ou inconnus
Comme il est possible de prédire de manière fiable les mutations provoquant le cancer qui sont liées à des facteurs de risque connus, l'équipe de Jeffrey Townsend a cherché à établir le pourcentage spécifique de ces facteurs et celui des autres facteurs inconnus comme le vieillissement ou le hasard. "Cela nous donne la dernière pièce du puzzle pour relier ce qui est arrivé à notre génome avec le cancer : nous regardons dans la tumeur et nous y voyons le signal de ce qui a causé le cancer", explique le scientifique.
Et c'est ainsi qu'i a pu établir que si les tumeurs de la vessie oui de la peau sont très souvent liées à des facteurs évitables, les cancers de la prostate ou les gliomes sont, eux, plus souvent attribuables à des processus internes liés à l'âge. "Cela peut être utile pour donner aux personnes une rétroaction qui leur permet de savoir quelles sont les causes de leur cancer... Tout le monde ne souhaite pas ,forcément le savoir mais pour certains c'est important de pouvoir attribuer un cancer à sa cause", souligne Jeffrey Townsend.
Découvrir de nouvelles causes
Les travaux menés pourraient par ailleurs permettre, en analysant les cas de cancer dans des populations souffrant de niveaux anormalement élevés de la maladie, de découvrir des expositions à des substances cancérigènes jusque-là ignorées. Voire aider les responsables de santé publique à mettre en place des mesures de prévention face à des sources de cancer nouvellement identifiées. Mais les chercheurs de Yale reconnaissent une limite à leurs travaux : "Tous les changements génétiques qui conduisent à des tumeurs ne sont pas intégrés dans l'approche actuelle et davantage de recherches seront nécessaires pour comprendre les changements génétiques complexes comme les gènes ou les chromosomes dupliqués", admet le Mr Townsend