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Pandémie

La santé mentale des adolescents est toujours fragile

Par Mégane Fleury

Selon le dernier bilan de Santé Publique France, les passages aux urgences liés à des gestes, à des idées suicidaires ou à des troubles de l’humeur sont en augmentation chez les 15-17 ans et les 18-24 ans. 

Tunatura/istock
Santé Publique France définit les troubles de l’humeur ainsi : épisode maniaque, trouble affectif bipolaire, épisodes dépressifs, trouble dépressif récurrent, troubles de l’humeur persistants et troubles mentaux.
Les chercheurs de l’UCL constatent davantage de troubles dépressifs et moins de bien-être global chez les filles.
Le dispositif MonPsy concerne les patients âgés de plus de trois ans, et peut être renouvelé une fois par an.

Les jeunes vont mal, et cela ne s’arrange pas. En mars dernier, l’Organisation mondiale de la santé constatait une augmentation de 25% des cas d’anxiété et de dépression depuis début 2020, et soulignait que "les plus jeunes, en particulier les 20-24 ans, ont été davantage concernés que les groupes plus âgés". Dans l'Hexagone, Santé Publique France observe les mêmes tendances : la santé mentale des adolescents se dégrade. Dans un rapport en date du 7 avril, l’agence nationale de santé publique note un "niveau élevé" en ce qui concerne les "passages aux urgences pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l’humeur" chez les 11- 17 ans et les 18-24 ans. En ce qui concerne les 15-17 ans et les 18-24 ans, ces taux sont mêmes supérieurs à ceux de début 2021. 

Des passages aux urgences plus fréquents pour les troubles de la santé mentale 

Pour ce bilan, Santé Publique France s’est appuyé sur les données des passages aux urgences du réseau OSCOUR®, qui rassemble 680 services d’urgence en France. Au total, le réseau couvre 94,5% du total des passages dans ces services dans le pays. En comparaison à la période 2018-2020, les données récoltées en 2022 montrent une hausse des gestes suicidaires chez les enfants de 0 à 17 ans, ainsi qu’une augmentation des idées suicidaires et des troubles de l’humeur. Par ailleurs, les troubles de l’alimentation sont plus fréquents pour cette tranche d’âge : il peut s’agir d’anorexie, de boulimie, d’hyperphagie ou encore de vomissements. Les passages aux urgences pour ces raisons sont particulièrement élevés chez les 15-17 ans.

Davantage de symptômes dépressifs depuis le début de la pandémie 

Récemment, une étude de l’University College de Londres (UCL) a confirmé la dégradation de la santé mentale des adolescents depuis le début de la pandémie de Covid-19. Au total, les chercheurs ont analysé les données de près de 11 000 élèves, en deux phases comprises entre fin 2018 et début 2021. D’après leurs conclusions, les symptômes dépressifs sont en hausse chez les élèves du secondaire, soit ceux âgés de 11 à 15 ans, en particulier les filles, en comparaison à la première phase de l’étude (de fin 2018 à début 2020). Cette augmentation conduit à 60 000 cas supplémentaires pour qui les symptômes dépressifs atteignent un seuil clinique. Les chercheurs estiment que si la pandémie n’avait pas eu lieu, il y aurait 6 % d'adolescents en moins au Royaume-Uni présentant des niveaux élevés de symptômes dépressifs. "Même avant la pandémie de Covid-19, il y avait eu une inquiétude généralisée concernant l'augmentation des troubles de santé mentale chez les adolescents", rappelle le principal auteur de cette étude, le Dr Praveetha Patalay. Avec ses co-auteurs, ils appellent à une "politique de santé publique avec des moyens adéquats" pour prendre en charge la santé mentale des jeunes, qui rencontrent souvent des difficultés pour accéder aux services dédiés. En France, le système MonPsy a été mis en place dans ce but en avril dernier. Après une consultation médicale chez un généraliste, il est désormais possible de bénéficier de huit séances chez un psychologue prises en charge par l’Assurance maladie.