- Des habitants suédois sont en meilleure santé après le passage aux bus électriques, silencieux
- La pollution sonore impacte la santé physique et mentale des personnes
Une réduction de la fatigue, de la somnolence diurne et de la mauvaise humeur : voilà les impacts positifs de la mise en circulation de bus entièrement autonomes sur la ligne 60 à Göteborg en Suède à l'automne 2019.
Ces améliorations sont dues au niveau de bruit subi par les habitants qui été fortement diminué grâce au passage à l'électrique. Les niveaux sonores de l'ancien système de transport par bus avaient été perçus comme gênants, en particulier dans les montées, parce qu’il s’agissait de bruits à basse fréquence.
"Bruits sourds"
Or ces bruits, appelés également “bruits sourds”, parce qu'on les entend même si on se bouche les oreilles, sont particulièrement nuisibles. En effet, ils présentent un potentiel de perturbation élevé parce qu’ils sont moins bien atténués par les façades ou les murs antibruit. De plus, la perception des basses fréquences est différente de celle des autres fréquences : à faible niveau sonore, on ne les perçoit pas, mais dès qu’elles deviennent audibles, la sensation de volume sonore augmente plus vite que pour les autres fréquences.
Dans les habitations, les nuisances sonores liées aux bruits basses fréquences sont par exemple les vibrations générées par l’ascenseur ou le chauffage, le bruit des enfants qui courent, les bruits de pas ou encore les sons provenant d’un "home-cinéma”.
"Nous pouvons être dérangés par différents bruits, mais le problème du bruit à basse fréquence est qu'il est moins bien atténué par les façades ou les fenêtres et qu'il s'introduit donc plus facilement dans les habitations. Même de petites augmentations de son niveau sont perçues comme très perceptibles", explique Kerstin Persson Waye, professeur de médecine environnementale à l'Académie Sahlgrenska de l'Université de Göteborg, qui dirige le groupe "Environnement sonore et santé" à l'origine de la recherche.
Mesures de bruit
L'étude a consisté en des enquêtes par questionnaire auprès de résidents sélectionnés au hasard en deux phases, avant et après le passage aux bus électriques. La moitié des habitants vivaient dans des maisons situées le long de la ligne de bus dans deux quartiers de la ville : Masthugget et Lunden. L'autre moitié, qui habitait à une certaine distance, constituait le groupe de référence.
D’après cette étude, concernent les changements des niveaux sonores, la proportion de personnes interrogées ayant remarqué le bruit des bus est passée de 75 à 39 %, et la proportion de personnes très gênées par le bruit est passée de 26 à 5 %.
En parallèle, des mesures de bruit ont été effectuées dans plusieurs maisons, y compris à l'intérieur. Ces mesures exceptionnelles ont nécessité un montage spécial avec 10 à 12 microphones dans chaque logement pour fournir des données correctes et représentatives du bruit à basse fréquence.
Influencer la santé publique
Une nette diminution des effets perçus sur la santé a été constatée : la proportion de personnes se sentant épuisées une ou deux fois par semaine est passée de 49 à 39 %, soit la même proportion que dans le groupe de référence. La proportion de personnes de mauvaise humeur est passée de 22 à 17 %, et beaucoup moins de personnes ont déclaré avoir très sommeil pendant la journée.
"Il y a donc eu une amélioration : les gens se sentaient significativement mieux. Bien que nous ne puissions pas affirmer avec certitude que les résultats reflètent l'ensemble de la population et que les changements positifs sur la santé sont durables, nous pensons qu'ils peuvent être généralisés dans les environnements résidentiels où le transport par bus représente une grande partie de l'exposition. Étant donné, également, que les autres formes de transport dans l'environnement urbain deviennent plus silencieuses, cela pourrait influencer la santé publique", conclut Kerstin Persson Waye.
En France, le bruit constitue une nuisance très présente dans la vie quotidienne : 86% des Français se déclarent gênés par le bruit à leur domicile, d’après le Ministère de la Santé. Au-delà de la gêne, l’excès de bruit a des effets sur la santé, auditifs (surdité, acouphènes…) et extra-auditifs (pathologies cardiovasculaires…).