Mauvaise nouvelle alors que l'on n'en n'a pas encore terminé avec la pandémie de Covid-19 : plusieurs épidémies virales pourraient survenir d’ici 2070. C’est ce qu’ont révélé des scientifiques de l’université de Georgetown, à Washington (États-Unis), dans une étude parue dans la revue Nature le 28 avril. "Au moins 10.000 espèces de virus ont la capacité d'infecter les êtres humains, mais à l'heure actuelle, la grande majorité d'entre elles circulent silencieusement chez les mammifères", ont indiqué les chercheurs.
Cependant, cela pourrait changer avec le dérèglement climatique et l’évolution de l’exploitation des terres qui pourraient augmenter le risque de transmissions virales entre différentes espèces auparavant isolées géographiquement. "Dans certains cas, cela facilitera la propagation zoonotique, un lien mécaniste entre les changements environnementaux mondiaux et l'émergence de maladies", ont signalé les auteurs.
15.000 nouvelles transmissions interespèces à cause du réchauffement climatique
Les scientifiques ont expliqué que le changement climatique contraignait plusieurs espèces à se déplacer et à parcourir une centaine de kilomètres, voire plus, dans le siècle à venir pour survivre. Au cours de ce processus, de nombreux animaux vont emporter leurs parasites et agents pathogènes. "Cela représente une menace mesurable pour la santé humaine, notamment en raison de plusieurs épidémies et pandémies récentes de virus provenant de la faune sauvage", peut-on lire dans les travaux.
Dans ces nouveaux environnements, les animaux vont être amenés à rencontrer des espèces avec lesquelles ils n’ont jamais interagi. Ces rencontres peuvent créer plusieurs possibilités de transmission de micro-organismes potentiellement dangereuses entre les mammifères. Les chercheurs ont analysé l’évolution des lieux de vie de 3.139 mammifères en fonction de différents scénarios climatiques. Ils ont révélé qu’au moins 15.000 nouvelles transmissions interespèces pouvaient intervenir d’ici à 2070.
Les épidémies pourraient se propager rapidement dans des zones à forte densité humain
"Nous prévoyons que les espèces se regrouperont dans des zones à forte densité, par exemple en Asie et en Afrique, ce qui entraînera un risque de transmissions virales interespèces 4.000 fois plus élevé", a développé les recherches. D’après les auteurs, cette transition écologique est peut-être déjà en cours, et le maintien du réchauffement à moins de 2°C au cours du siècle ne réduira pas ce futur partage viral.
"Nos résultats soulignent l'urgence de coupler les efforts de surveillance et de découverte des virus avec des études de biodiversité permettant de suivre les déplacements des espèces, en particulier dans les régions tropicales qui abritent le plus de zoonoses et connaissent un réchauffement climatique rapide", ont conclu les scientifiques.