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Maternité

Stress pendant la grossesse : une menace sur le développement cognitif du bébé

Par Mégane Fleury

L’anxiété, la dépression et le stress ont des conséquences sur le développement cérébral du foetus. Cela peut altérer le développement cognitif de l’enfant, au moins jusqu’à 18 mois. 

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MOTS-CLÉS :
Environ une femme enceinte sur quatre souffre de symptômes liés au stress.
Les effets du stress maternel à long terme demeurent inconnus.
Le développement cognitif du nourrisson comprend l’acquisition de facultés comme le toucher, l’odorat, l’apprentissage ou encore le langage.

Le stress est mauvais pour la santé, et en particulier pour celle des femmes enceintes car il peut avoir un impact sur le développement de leur enfant. Dans JAMA Network Open, des chercheurs du Children's National Hospital, situé aux États-Unis, expliquent que les angoisses des mères nuisent au développement cognitif de leur progéniture. 

Des femmes suivis pendant et après la grossesse 

L’équipe de recherche a recruté 97 femmes enceintes. Elle les a suivies pendant leur grossesse et jusqu’à 18 mois après la naissance de leur enfant. Toutes les participantes étaient en bonne santé, la plupart avaient fait des études et avaient un emploi. Pour quantifier le stress maternel prénatal, l'anxiété et la dépression, les chercheurs ont utilisé des questionnaires, qu’ils leur ont soumis. Les volumes cérébraux fœtaux et le repliement du cortex ont été mesurés à partir d'images reconstruites en trois dimensions issues d'examens IRM. La créatine et la choline cérébrales fœtales ont également été quantifiées : il s’agit d’acides aminés, essentiels au développement cérébral. Le développement neurologique de l'enfant âgé de 18 mois a été mesuré à l'aide de systèmes d’évaluation validés scientifiquement. 

Une modification de la biochimie cérébrale 

Les auteurs constatent que l'anxiété des femmes enceintes affecte le développement cérébral de leurs bébés : leur santé mentale modifie la structure et la biochimie du cerveau fœtal en développement. Dans l'utérus, les chercheurs ont observé des changements dans la profondeur des sillons et le volume de l'hippocampe gauche, ce qui pourrait expliquer les problèmes de développement neurologique observés après la naissance. À 18 mois, ces enfants peuvent éprouver des problèmes socio-émotionnels et avoir des difficultés à établir des relations positives avec les autres, y compris leur mère. Selon eux, ces troubles du développement ont un impact sur la relation parent - enfant, et sur la capacité des nourrissons à s’auto-réguler. 

Mieux prendre en charge la détresse des femmes enceintes 

"En identifiant les femmes enceintes présentant des niveaux élevés de détresse psychologique, les professionnels de santé pourraient détecter les bébés qui présentent un risque de déficience neurodéveloppementale ultérieure et pourraient bénéficier d'interventions précoces et ciblées", estime Catherine Limperopoulos, autrice principale de l’étude. Selon elle, il faudrait adapter la prise en charge des femmes enceintes, pour mieux les soutenir et les aider à réduire leur stress.