C'est une croyance bien établie : prendre régulièrement de l'aspirine limiterait le risque de faire un infarctus ou un AVC. Ce médicament d'usage courant qui fluidifie le sang est notamment largement prescrit aux Etats-Unis en cas d'insuffisance coronarienne. Mais une société savante américaine vient de changer ses recommandations sur ce produit et le déconseille aux patients à risque âgés de 60 ans et plus.
La formation de plaques dans les artères
En moyenne, il y a 80 000 infarctus du myocarde en France par an selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Celui-ci fait partie des risques liés aux maladies coronariennes, c’est-à-dire toutes les pathologies qui se déclenchent lorsque l'approvisionnement en sang du muscle cardiaque est interrompu ou bloqué.
Cela est généralement dû à l’obstruction des artères coronaires par une accumulation de matières grasses, ce que l’on appelle aussi le mauvais cholestérol. Ces matières grasses accumulées forment des plaques qui rétrécissent les artères et les durcissent. Au fur et à mesure, le sang circule donc de moins en moins bien.
L’efficacité de l’aspirine remise en cause…
Quand une maladie coronarienne est diagnostiquée, les médecins prescrivent généralement deux types de traitements : des statines ou de l’aspirine. Le premier permet de diminuer la production et la présence de mauvais cholestérol dans l’organisme du patient. Dans une étude publiée dans la revue Radiology Cardiothoracic Imaging, des chercheurs avaient déjà émis des doutes quant à l’efficacité du second traitement, l’aspirine.
…pour la prise en charge d’une maladie coronarienne
"Nos données remettent en question la pertinence d’un traitement avec de l'aspirine après le diagnostic de maladie coronarienne non obstructive réalisée à partir d’une angiographie coronarienne (une technique d’imagerie médicale qui permet de créer des images des vaisseaux sanguins)”, avait expliqué Jonathan Leipsic, l’un des auteurs de l’étude.
Une étude sur plus de 6300 patients
Pour mener leurs travaux, les chercheurs ont analysé les données de santé - récoltées sur plus de 5 ans - d’environ 6300 patients qui avaient passé une angiographie coronarienne. 52% d’entre eux étaient des hommes et la moyenne d’âge était de 56 ans.
Deux groupes étudiés
Les participants ont été répartis en deux groupes : le premier avec 56% des patients - soit plus de 3500 personnes - qui n’avaient pas de plaque coronarienne détectable. Et le second, avec 44% des patients, soit 2 815 participants, qui avaient une coronaropathie non obstructive.
En parallèle, les chercheurs ont estimé que les patients qui n’avaient pas de plaque (le premier groupe), avaient un risque de mortalité accru de 4,8 % de toutes causes confondues. Chez ceux atteints d’une maladie coronarienne non obstructive, ce pourcentage était de 10,6 %.
L’aspirine ne réduit pas les risques cardiovasculaires
Dans les deux groupes, les chercheurs ont voulu étudier l’impact de l’aspirine et de la statine. Dans le premier, celui où les patients n’avaient pas de plaques détectables, ni l’aspirine ni les statines n’ont diminué les risques cardiovasculaires.
En revanche, dans le second groupe comprenant les patients atteints d'une maladie coronarienne non obstructive, l'aspirine n'a montré aucune efficacité mais l'utilisation de statines a bien permis une réduction significative des risques cardiovasculaires, y compris les crises cardiaques et la mort.
Poursuivre les recherches
"Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si - et à quel seuil - les médecins devraient envisager de prescrire de l'aspirine aux patients lors de l'identification d'une maladie coronarienne non obstructive détectée par une angiographie coronarienne", avait conclu Jonathan Leipsic.