En France, 36 % des salariés travaillent en horaires décalés. Désormais, les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à exercer leur métier à des horaires dits "atypiques", à savoir tôt le matin, le soir, la nuit le week-end, même si elles n’effectuent pas les mêmes types d’horaires.
Pour les femmes les moins qualifiées, l’exposition à des horaires décalés a progressé
Ces dernières travaillent plus souvent le samedi et le dimanche, et la part de femmes exposées à ce type d’horaires a augmenté au cours de la dernière décennie contrairement à celle des hommes, selon un récent bulletin mensuel de l’Ined. "La part des femmes cadres en horaires atypiques diminue de 23 % entre 2013 et 2019 tandis qu’elle augmente de 11 % pour les ouvrières non qualifiées, catégorie qui subit la plus forte dégradation", peut-on lire dans le rapport.
D’après l’étude, la conjonction de deux phénomènes semble être à l’origine de cette exacerbation des différences sociales en matière d’horaires de travail. D’un côté, "les politiques de conciliation du travail et de la famille mises en œuvre dans les grandes entreprises ont pu contribuer à améliorer les conditions de travail des plus qualifiés." De l’autre côté, les femmes peu qualifiées sont surreprésentées dans les métiers du commerce et de la distribution, où le fait de travailler le dimanche a progressé, ainsi que dans les métiers du soin et des services à la personne, "où les horaires atypiques sont structurels et peu sujets à amélioration".
Quelles sont les conséquences des horaires "atypiques" sur la santé des salariés ?
Selon l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), la perturbation des rythmes biologiques, causée par des horaires décalés, peut engendrer des effets néfastes sur la santé physique et psychique. Travailler en horaires "atypiques" peut provoquer des troubles du sommeil. Ces derniers "se traduisent par une somnolence, et une diminution de la vigilance pouvant être à l’origine d’accidents survenant la nuit", indique l’institut.
Autre répercussion des horaires décalés : des troubles métaboliques (obésité, diabète, hypertension artérielle) et des maladies coronariennes (crise cardiaque et ischémie coronaire). Les risques de souffrir d’une dépression, de troubles de l’humeur, de l’anxiété, d’un déclin cognitif et des troubles de la personnalité sont également plus élevés chez ces travailleurs. "Le travail posté et/ou de nuit augmenterait le risque d’avortement spontané, d’accouchement prématuré et de retard de croissance intra utérin", précise l’INRS.