- Des chercheurs ont voulu savoir s’il y avait une différence d'âge pour déterminer si une nouvelle est vraie ou fausse
- Certaines capacités de traitement de l'information sont préservées, voire améliorées, chez les personnes âgées
On pourrait croire qu’avec le déclin des capacités cognitives lié à l’âge, les personnes âgées seraient automatiquement plus susceptibles de se faire avoir. Or ce n’est pas le cas d’après une étude menée par des chercheurs de l'Université de Floride.
Base de connaissances plus large
En effet, il est également vrai que l'âge s'accompagne d'une base de connaissances plus large, d'une plus grande expérience de la vie et, souvent, d'un affect plus positif.
D’autant plus que les adultes plus âgés ont tendance à consommer plus de nouvelles que les jeunes adultes. Ces facteurs permettent de contextualiser leur rapport à l'information qui a pu provoquer des inquiétudes pendant la pandémie de Covid-19 avec l’augmentation spectaculaire de la désinformation et le fait que le virus a été particulièrement mortel pour les personnes âgées.
Sujets Covid et non Covid
D’après l’étude, menée entre mai et octobre 2020 sur des personnes âgées de 61 à 87 ans et de jeunes adultes, ce n’est peut-être qu'à un âge très avancé, où le déclin des capacités cognitives ne peut plus être compensé par des gains d'expérience de vie et de connaissance du monde, que les individus deviennent particulièrement vulnérables à la tromperie par le biais de la désinformation et des fake news, ont indiqué les chercheurs dans leur étude.
Les participants ont lu et évalué 12 articles de nouvelles complets sur des sujets Covid et non Covid, avec six histoires réelles et six fausses dans chaque catégorie. Après avoir lu un article, les participants devaient répondre à des questions comme celle de savoir si l'article était vrai ou faux et dans quelle mesure ils étaient confiants dans leur décision.
Les chercheurs ont ensuite mesuré les capacités de raisonnement analytique des participants, leur affect et leur fréquence de consommation des nouvelles.
Différences entre les individus
Ils en ont tiré plusieurs conclusions: déterminer qu'un article était faux était lié à des différences de capacités de raisonnement analytique entre les individus dans les deux groupes d'âge.
De plus, les jeunes comme les adultes plus âgés avaient du mal à détecter les fausses nouvelles sur le Covid par rapport aux fausses nouvelles de tous les jours, ce qui peut s’expliquer par le fait que personne n’était familiarisé avec les informations relatives au Covid au début de la pandémie.
Capacité réduite
Cependant, il reste que les individus âgés de 70 ans ou plus, qui avaient un affect plus positif et qui consommaient fréquemment des nouvelles, étaient plus susceptibles de s'engager dans un traitement "superficiel" de l'information, en ne regardant pas aussi attentivement les informations ou en ne prêtant pas attention aux détails
Or ne pas être capable de distinguer les fausses nouvelles des vraies peut avoir de graves conséquences sur le bien-être physique, émotionnel et financier d'une personne - en particulier pour les personnes âgées, qui disposent généralement de plus d'actifs financiers et doivent prendre davantage de décisions de santé à fort enjeu.
"Il s'agit d'une population particulièrement à risque, avec des enjeux élevés en cas de mauvaise prise de décision, non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour la société dans son ensemble", a déclaré Natalie Ebner, co-auteur et professeur de psychologie à l'Université de Floride.
Les résultats de l’étude pourraient permettre de trouver des canaux d’aide à l’accès et à la compréhension de l’information de cette population en particulier, et à réduire la désinformation tout au long de la vie et au cours du vieillissement.