- Depuis près de quinze ans, le Dr Pagès et son équipe travaillent au développement d’un traitement du cancer du rein.
- Le Dr Gilles Pagès a reçu le prix du fonds Amgen France pour la Science et l’Humain pour la découverte de ce traitement du cancer du rein
Il y a eu 15 323 nouveaux cas de cancer du rein en 2018 en France, dont 67 % chez l'homme, selon Santé publique France. Sur la même période, le nombre estimé de décès était de 5 589, avec toujours une plus forte propension chez l’homme (68%). Le taux de mortalité lié à cette maladie est élevé : la principale raison est qu'il n'existe actuellement aucun traitement curatif. Les solutions proposées aux patients permettent seulement de diminuer les symptômes mais pas d’agir sur le mal.
Un traitement qui cible la protéine VEGF
Mais cela pourrait bientôt changer. Une équipe de chercheurs vient de découvrir un nouveau traitement qui permet de retarder l'avancée de la maladie. Plus précisément, les chercheurs ont développé une molécule qui cible VEGF. Il s'agit d'une protéine qui fabrique des vaisseaux sanguins pour nourrir la tumeur cancéreuse. Leur fonction est de lui apporter des nutriments et de l'oxygène. Ainsi, la tumeur peut continuer à se développer.
"Faire de cette maladie, une maladie curable"
En visant VEGF, la molécule qui vient d'être mise au point inhibe sa croissance. "Elle (la molécule) est aussi efficace pour les modèles de tumeurs insensibles à l’immunothérapie [qui vise à induire ou amplifier la réponse immunitaire anticancéreuse], explique le Dr Gilles Pagès, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et chef d’équipe au sein de l’Institut cancer et vieillissement (Ircan) de Nice (Alpes-Maritimes) au journal 20 Minutes. Notre traitement, combiné à ceux qui existent déjà, permettra, on l’espère, de faire de cette maladie, une maladie curable. Mais rien que de pouvoir en faire une maladie chronique et permettre à des patients de vivre, c’est une immense fierté”.
Encore beaucoup d'essais cliniques avant la mise sur le marché
Mais la procédure reste encore longue avant que le médicament puisse être commercialisé. “On en est actuellement aux phases de toxicologies réglementaires, ce qui sera finalisé d’ici fin 2022, voire début 2023, détaille le Dr Gilles Pagès. Ensuite, on doit soumettre le traitement aux autorités de santé de l’agence européenne des médicaments, avec un premier essai clinique courant 2023. En fonction de sa validation, sans toxicité chez un patient, on passe en phase 2 avec plus de patients puis la phase 3 et l’essai en aveugle”. En plus du cancer du rein, les chercheurs ont découvert que leur traitement pouvait aussi permettre de soigner d'autres maladies comme certains cancers ORL.