Entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021, il y a eu 14,9 millions de morts liés à la Covid-19 selon les derniers chiffres publiés par l'Organisation mondiale de la santé le 5 mai dernier. Mais pourquoi certains meurent de cette maladie quand d’autres sont asymptomatiques ou n’ont que des symptômes bénins ? C’est à cette question qu’ont voulu répondre des chercheurs de l'Université de Boston, aux États-Unis. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Cell Reports.
Des macrophages avec une réponse hyper-inflammatoire
D’après les scientifiques, la réponse vient des macrophages. Il s’agit de cellules qui appartiennent à la famille des globules blancs. Ils jouent un rôle dans la défense immunitaire du corps humain, notamment pour guérir les plaies. Dans le détail, il s’attaquent aux agents étrangers nocifs, aux mauvaises bactéries ou aux cellules mortes en les anéantissant. Si d’ordinaire, ce mode de défense aide l’humain à rester en bonne santé, il semblerait que ça ne soit pas le cas pour la Covid-19. Les chercheurs ont en effet découvert que chez les patients infectés, les macrophages avaient attaqué le virus mais aussi l’organisme des personnes malades, ce qui avait provoqué une inflammation excessive et endommageant les tissus cardiaques et pulmonaires. Il s’agit d’une réponse hyper-inflammatoire de ces macrophages.
Les systèmes immunitaires plus diversifiés résistent mieux
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont mené leurs expériences sur des souris auxquelles ils ont greffé du tissu pulmonaire et un système immunitaire humains. Ainsi, ils ont pu déterminer que les rongeurs qui étaient les plus gravement touchés par la maladie avaient des macrophages peu diversifiés. Autrement dit, le macrophage le plus présent était pro-inflammatoire. "Il semble qu'ils entraînent cette réponse hyper-inflammatoire, explique Devin Kenney, l’un des auteurs. Et cela conduit à un état pathologique plus grave". En revanche, les systèmes immunitaires qui avaient des cellules plus diversifiées ont mieux résisté à l’infection à la Covid-19.
Poursuivre les recherches
Mais comment ce phénomène se produit-il ? D’après les chercheurs, il y aurait onze gènes qui définissent la protection immunitaire qu’aura un patient. De leur présence ou non dans l’organisme dépend donc aussi la réaction des macrophages. “Nous savons désormais que les macrophages peuvent favoriser la protection du tissu pulmonaire, explique Florian Douam, l’un des chercheurs. Mais nous connaissons aussi l'ensemble des gènes qu’il faut pour que les macrophages protègent les poumons". En revanche, ils ignorent encore pourquoi le système immunitaire de certains patients peut être plus diversifié au niveau des macrophages. Ils comptent donc poursuivre leurs travaux pour le découvrir et peut-être, à terme, pouvoir prévenir les formes graves de la Covid-19.