- Selon une étude américaine, des infections urinaires récurrentes pourraient être liées à une prise trop fréquente d'antibiotiques
- L'abus d'antibiotiques serait responsable d'un déséquilibre de la flore intestinale, ce qui pourrait entraîner de nouvelles infections urinaires
- Pour briser ce cercle vicieux, les auteurs de la recherche insistent sur la nécessité de rechercher des alternatives aux antibiotiques pour soigner les infections urinaires
Provoquées par la présence de bactéries dans l'urètre, les infections urinaires sont particulièrement douloureuses et récidivantes. Un quart des femmes développe une deuxième infection urinaire dans les six mois. Certaines patientes subissent des épisodes répétés et doivent parfois prendre des antibiotiques tous les deux mois pour soulager les infections.
Or, une recherche publiée début mai dans la revue Nature Microbiology suppose que ces traitements antibiotiques pourraient en fait être la cause de récidive de ces infections. Réalisée par des chercheurs de la Washington University School of Medicine de St. Louis, du Broad Institute du MIT et de l'université d'Harvard, l'étude démontre qu'une série d'antibiotiques élimine les bactéries pathogènes de la vessie, mais pas celles des intestins (la plupart des infections urinaires sont causées par des bactéries Escherichia coli).
"Cercle vicieux"
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié les échantillons urinaires et sanguins de 31 femmes. Quinze d'entre elles présentaient des antécédents d'infections urinaires récurrentes. Toutes les participantes ont également fourni des échantillons mensuels de selles. L'équipe a analysé la composition bactérienne des échantillons de selles, testé la présence de bactéries dans l'urine et mesuré l'expression génétique dans les échantillons de sang.
Les résultats obtenus à l'issue de ces analyses ont révélé que les femmes atteintes d'infections urinaires récurrentes présentaient des microbiotes intestinaux moins diversifiés. Une déficience de bactéries dont le rôle consiste à réguler l'inflammation a également été constatée, ce qui pourrait laisser plus de "chances" aux espèces pathogènes de s'implanter et de se multiplier dans la vessie. Les échantillons sanguins de ces patientes ont également indiqué un marqueur d'inflammation plus élevé que chez celles sans infection urinaire récidivante.
"Notre étude démontre clairement que les antibiotiques ne préviennent pas les infections futures et n'éliminent pas les souches responsables des infections urinaires dans l'intestin", déplore Scott J. Hultgren, PhD, professeur de microbiologie moléculaire à l'Université de Washington et co-auteur de l'étude. "Un bon pourcentage de ces patientes souffrent d'infections urinaires de manière chronique, ce qui entraîne une diminution de la qualité de vie. Il existe un réel besoin de développer de meilleures thérapies pour briser ce cercle vicieux", ajoute le professeur.