Deux ans de pandémie, une succession de variants plus contagieux les uns que les autres et certains résistent. Des personnes n’ont jamais contracté le virus depuis début 2020, et elles intéressent la science. Les scientifiques aimeraient comprendre ce qui les protège du virus. En octobre 2021, un groupe de chercheurs publiait plusieurs hypothèses dans la revue spécialisée Nature. Ils souhaitent recruter de nouveaux participants, n’ayant jamais été infectés par le virus. Or, la tâche n’est pas facile car certaines personnes n’ont jamais été testées positives, mais ont peut être été contaminées et asymptomatiques. La détection des anticorps aurait pu être une solution, mais les tests ne permettent pas de savoir si leur présence est liée aux vaccins ou à une infection antérieure. Pour Christopher Murray, directeur de l'Institute for Health Metrics and Evaluation de l'Université de Washington, interrogé par le Washington Post, ces personnes jamais contaminées sont une "cible insaisissable".
Une part de chance et de circonstances
"Cela peut être une conjonction entre les précautions, les circonstances et la chance", tempère Bob Watcher, professeur de médecine à l’université de Californie. Par exemple, les personnes portant systématiquement le masque à l’intérieur, toujours à jour des vaccins et de leurs rappels, qui limitent leurs déplacements et les rassemblements ont moins de risque d’être infectées. Le spécialiste ajoute également que le télétravail et la situation géographique peuvent aussi contribuer à diminuer le risque d’infection.
Une immunité d’origine génétique ?
700 personnes ont été d’ores et déjà recrutées et l’équipe scientifique observe actuellement les données de plus de 5 000 autres. "Dans un certain nombre de familles, tous les membres ont été infectés sauf un, ce qui suggère que des individus très exposés seraient résistants aux infections par le virus", indiquent les auteurs dans leur étude. Ils s’intéressent aux causes génétiques de cette résistance à l’infection. "Ce que nous recherchons, ce sont des variants génétiques potentiellement très rares, qui ont un très grand impact sur l'individu", précise András Spaan, microbiologiste clinique et chercheur à l'Université Rockefeller de New York, au Washington Post. Une autre hypothèse est que certaines personnes auraient moins de récepteurs dans la gorge, les poumons et le nez, ce qui laisserait moins de chances au virus de s’accrocher, ou bien, un système immunitaire naturellement plus efficace pour lutter contre le SARS-CoV-2.
Un site dédié au recrutement
Pour mettre au clair les raisons de cette protection, les chercheurs continuent leur recrutement. Sur le site Covid Human Genetic Effort, ils appellent les citoyens à participer. Pour ce faire, il faut avoir été exposé ou infecté par le virus, les scientifiques s’intéressent aussi bien aux personnes n’ayant jamais été contaminées, qu’à celles ayant toujours été asymptomatiques ou à celles ayant fait des formes graves. Pour Jennifer Nuzzo, professeur d'épidémiologie à la Brown University, l'étude de ces cas permettra de mieux comprendre comment l'infection se déroule dans l'organisme, et surtout, elle pourrait conduire à des traitements efficaces contre le virus.