- Chaque année, 3.000 nouveaux cas de sclérose en plaques sont diagnostiqués dans l’Hexagone.
- L’origine de cette maladie auto-immune est multifactorielle, liée à l’interaction de facteurs environnementaux et d’une prédisposition génétique.
- 10 à 15 % des cas évoluent vers un handicap.
100.000. C’est le nombre de personnes touchées par la sclérose en plaques en France. "Cette maladie fréquente concerne trois femmes pour un homme. Pourquoi ? On ne sait toujours pas", déclare la professeure Catherine Lubetzki, neurologue, directrice médicale et cheffe d’équipe à l’Institut du Cerveau, lors d’une conférence de presse sur cette pathologie auto-immune, le 11 mai.
Cette affection, qui de graves conséquences sur le quotidien des malades, débute dans 85 % des cas entre 25 et 35 ans et évolue avec des poussées de symptômes transitoires. "La sclérose en plaques est la deuxième cause de handicap acquis chez le jeune adulte, après les accidents de la route", souligne la neurologue. Cette maladie peut aussi survenir vers 40 ans avec peu de poussées mais une évolution rapide.
Selon la cheffe d’équipe à l’Institut du Cerveau, son expression est variable à la fois en termes de symptômes et de gravité. "La sclérose en plaques est caractérisée par trois composantes : l’inflammation, la démyélinisation, à savoir la destruction de la gaine de myéline du système nerveux central, et la neurodégénérescence", explique la directrice médicale.
"On arrive désormais à réduire les poussées, mais il reste encore beaucoup à faire"
Ces 15 dernières années, la prise en charge de cette maladie auto-immune a considérablement progressé. L’immunothérapie, plus précisément la prise de médicaments immunomodulateurs et immunosuppresseurs, a permis de diminuer la fréquence des poussées. Ce traitement de fond, qui a transformé la prise en charge de la pathologie, empêche la présence de la composante inflammatoire.
"On arrive désormais à réduire les poussées, mais il reste encore beaucoup à faire. Pour preuve : on ne parvient pas à bien traiter la composante neurodégénérative, car elle est variable", indique Catherine Lubetzki. La neurologue met en avant le peu de connaissances concernant la "progression silencieuse" de la sclérose en plaques, à savoir une moindre fréquence des poussées avec la survenue d’un handicap. "La neuroprotection, c’est-à-dire la protection des neurones et des axones, et la favorisation du renouvellement de la gaine de myéline peut permettre de lutter contre cette progression silencieuse", poursuit-elle.
L’objectif : prévenir la neurodégénérescence
À l’Institut du cerveau, les équipes se consacrent à la sclérose en plaques. Ils tentent de mieux comprendre les capacités intrinsèques de chaque patient à réparer ses lésions et les mécanismes biologiques, à l’échelle moléculaire et du cerveau entier, qui conduisent à la dégénérescence des neurones et l’installation du handicap.
Grâce à des techniques, telles que la tomographie par émission de positrons (TEP) qui repose sur l’injection intraveineuse d’une substance, les chercheurs et les médecins ont pu construire pour la première fois des cartographies individuelles de la dynamique de la myéline, c’est-à-dire sa destruction et sa régénération, chez les malades. Ils "ont mis en évidence des capacités de remyélinisation différentes entre les patients et le fait que celles-ci sont corrélées avec la progression du handicap", peut-on lire dans un communiqué de l’institut.
Actuellement, plusieurs études sur la sclérose en plaques sont menées par les équipes de l’institut. Leurs recherches s’orientent sur la possibilité de prévenir l’atteinte irréversible des neurones par la stimulation de la remyélinisation, car ils ont découvert qu’elle "avait un effet neuroprotecteur chez les patients". En cours, il existe un essai appelé "ON-STIM", dont le but est de favoriser la remyélinisation par la stimulation électrique. "La thérapie consiste en la stimulation électrique du nerf optique placé au niveau des yeux. La mesure de l’effet remyélinisant de ce traitement est un défi majeur", précise la Dr Céline Louapre, neurologue et directrice du centre d’investigation clinique à l’Institut du Cerveau.