- Les anti-inflammatoires peuvent être utilisés pour soulager des maux de tête, des douleurs dentaires, un mal de dos, une entorse, une tendinite ou des règles douloureuses.
- Les résultats ont été corroborés par une cohorte britannique portant sur 500.000 adultes, qui a montré que les personnes prenant des anti-inflammatoires étaient plus susceptibles de souffrir de douleurs deux à dix ans plus tard.
"La transition de la douleur aiguë à la douleur chronique est d'une importance critique mais n'est pas bien comprise", ont indiqué des chercheurs de l’université McGill à Montréal (Canada). C’est pourquoi ils ont décidé de réaliser une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Science Translational Medicine. Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont, dans un premier temps, analysé les mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent la transition d’un mal de dos aiguë à la lombalgie chronique chez les êtres humains.
Le rôle des neutrophiles dans la résolution de la douleur
Pour mener à bien leurs recherches, les auteurs ont recruté 98 personnes souffrant de lombalgie aiguë. Ils leur ont demandé de prendre des anti-inflammatoires et les ont suivis pendant trois mois. Les chercheurs ont ensuite réalisé des tests pour évaluer leur douleur et ont découvert que les neutrophiles, à savoir un type de globules blancs qui aide l'organisme à combattre les infections, jouaient un rôle important dans la résolution de la douleur.
"L'analyse des cellules immunitaires de sujets souffrant de lombalgie a montré que les gènes inflammatoires dépendants de l'activation des neutrophiles étaient régulés positivement chez les sujets souffrant de douleur résolue, alors qu'aucun changement n'a été observé chez les patients souffrant de douleur persistante", ont développé les chercheurs.
Le blocage de l'inflammation peut conduire à la douleur chronique
Les scientifiques ont ensuite étudié les mécanismes qui sous-tendent cette transition chez les souris. "Bien qu'il soit à court terme, un traitement avec un stéroïde ou un anti-inflammatoire non-stéroïdien (AINS) a également entraîné une prolongation de la douleur chez les souris. Une telle prolongation n'a pas été observée avec d'autres analgésiques", peut-on lire dans l’étude. D’après les résultats, le blocage de l’inflammation a retardé la résolution de la douleur chez les rongeurs.
Ainsi, les chercheurs en ont conclu qu’il existait un risque élevé de persistance de la douleur chez les patients prenant des anti-inflammatoires. Malgré l'efficacité analgésique aux premiers stades, la gestion de l'inflammation aiguë peut être contre-productive à long terme chez les personnes souffrant de lombalgie. "Pendant plusieurs décennies, la pratique médicale standard a consisté à traiter la douleur avec des médicaments anti-inflammatoires. Mais nous avons découvert que cette solution à court terme pouvait entraîner des problèmes à plus long terme. Il est peut-être temps de reconsidérer la façon dont nous traitons la douleur aiguë", a déclaré Jeffrey Mogil, auteur des travaux, dans un communiqué.