On le sait : le sommeil et les rêves sont importants pour l'apprentissage et la mémoire. "Ce qui nous manque, c'est une théorie qui relie cela à la consolidation des expériences, à la généralisation des concepts et à la créativité", a indiqué Nicolas Deperrois, auteur principal de l'étude, dans un communiqué. Ce chercheur de l’université de Berne, en Suisse, a décidé de réaliser une étude, récemment publiée dans le journal scientifique eLife, avec d’autres scientifiques. Dans ces travaux, les auteurs proposent une nouvelle théorie sur la signification des rêves en utilisant une méthodologie inspirée de l'apprentissage automatique et la simulation du cerveau.
Durant le sommeil, il existe deux types de phases qui s'alternent l'une après l'autre : le sommeil non-paradoxal, où le cerveau "rejoue" les situations vécues pendant l'éveil, et le sommeil paradoxal, où des bouffées spontanées d'activité cérébrale intense produisent des rêves vifs. Pour les besoins de leurs travaux, les chercheurs ont utilisé des simulations du cortex cérébral pour modéliser la façon dont les différentes phases de sommeil affectent l'apprentissage.
"Dans notre modèle, l'apprentissage est organisé à travers trois états cérébraux globaux différents imitant l'éveil, le mouvement oculaire non-rapide et le sommeil paradoxal", peut-on lire dans l’étude. Pendant l'éveil, le modèle est exposé à des images de bateaux, de voitures ou de chiens. Pour tester les performances du modèle, un classificateur évalue la facilité avec laquelle l'identité de l'objet peut être lue dans les représentations du cerveau.
Faire des rêves étranges, un moyen pour le cerveau "d’organiser nos expériences"
Selon les auteurs, l'éveil, le sommeil non-paradoxal et le sommeil paradoxal semblent avoir des fonctions complémentaires pour l'apprentissage. "Les rêves non-paradoxaux et paradoxaux deviennent plus réalistes à mesure que notre modèle apprend. Alors que les rêves non-paradoxaux ressemblent assez étroitement aux expériences éveillées, les rêves paradoxaux ont tendance à combiner ces expériences de manière créative", a expliqué Jakob Jordan, chef de l'équipe de recherche.
D’après les résultats, les rêves bizarres pendant le sommeil paradoxal sont essentiels pour tirer des leçons de nos expériences. "Il ne faut pas s'étonner que les rêves soient bizarres : cette bizarrerie a un but. La prochaine fois que vous ferez des rêves étranges, n'essayez peut-être pas de trouver une signification plus profonde : votre cerveau est peut-être simplement en train d'organiser vos expériences", a conclu Nicolas Deperrois.