L’Irlande, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Finlande ont pour objectif de devenir des pays sans tabac à l’horizon 2025. Des mesures radicales de prévention et de réduction de consommation (paquet neutre, vente de cigarettes aux mineurs passible de prison…) y sont donc mises en place. En France en revanche, « aucun responsable de premier plan ne porte ce combat aujourd’hui. Il y a eu indéniablement, et il y a toujours, une absence de volonté politique », dénonce, dans un entretien au Journal du Dimanche, l’ancien ministre de la Santé, Claude Evin, auteur en 1991 de la loi interdisant de fumer dans les lieux publics.
Empêcher les jeunes de fumer leur première cigarette
Pourtant, fumer tue 200 Français par jour, 73 000 par an, autant que l’alcool, les suicides et les accidents de la route réunis. Et les solutions efficaces pour partir en guerre contre le tabac sont connues, entre autres, faire respecter l’interdiction de vente aux mineurs, augmenter de plus de 8% d’un coup le prix du paquet de cigarettes, casser l’attractivité du packaging en instaurant le paquet neutre et rembourser le sevrage tabagique à 100%. Soulignant que la prohibition du tabac serait un échec, Claude Evin plaide pour que « l’usage de la cigarette soit débanalisé » et pour que l’accent soit mis sur la pédagogie « pour empêcher les jeunes de fumer leur première cigarette, celle qui fait le lit de la dépendance ».
Une directive anti-tabac allégée sous la pression des lobbys
Ce n’est pas vraiment la direction donnée par les parlementaires européens cette semaine. Dans le cadre de la directive tabac votée mardi, les députés ont édulcoré les propositions de la Commission européenne. Il n’y aura pas d’interdiction des cigarettes slim et celle des cigarettes mentholées n’interviendra que dans 8 ans. En attendant, elles font des ravages chez les fumeuses, notamment adolescentes et le cancer du poumon est en passe de devancer le cancer du sein en tête des causes de mortalité féminine.
Marisol Touraine pourrait durcir la réglementation en France. Elle a annoncé que la réduction du tabagisme serait l’une des priorités de sa grande loi de santé publique, prévue pour 2014. Ses décisions sont donc attendues avec impatience par les acteurs de la lutte anti-tabac. Mais associations et spécialistes se méfient tout de même du poids des buralistes et des cigarettiers à Bercy et à l’Elysée, un lobbying qui pourrait réduire à néant le volontarisme affiché par la ministre.