Acheter ses tests de grossesse en grande surface sera peut-être bientôt possible. Les sénateurs ont voté "pour" et de son côté, l’Autorité de la concurrence veut en finir avec le monopole des pharmacies sur la vente des médicaments d'automédication et de certains produits, comme les tests de grossesse. En juillet dernier, l'autorité de la concurrence avait lancé une consultation publique sur la distribution des médicaments en ville. » L’Ordre national des pharmaciens (ONP) vient de lui répondre. Deux sujets de débat se détachent de cette réponse, que s’est procurée l’Agence de presse médicale (APM) : l’ONP refuse d’ouvrir le monopole pharmaceutique mais soutient une plus grande transparence des prix.
Ouvrir le monopole revient à accepter la contrefaçon
La distribution des médicaments se limite actuellement aux officines, sous le contrôle des autorités sanitaires. L’Autorité de la concurrence souhaiterait élargir le réseau. L’ONP s’oppose fermement à la mise en place d’un nouveau circuit. « Contrairement à d’autres pays européens voisins de la France, aucun cas de contrefaçon n’a été constaté dans le circuit légal du médicament. C’est grâce à l’organisation actuelle de la chaîne pharmaceutique, » justifie dans un communiqué Isabelle Adenot, Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). Comprenez qu’ouvrir le monopole reviendrait à accueillir la contrefaçon dans le circuit légal.
Selon l’ONP, l’officine est un gage de qualité et de sécurité. De nombreuses règles s’y appliquent, notamment un code de déontologie. L’Autorité de la concurrence souhaite imposer ce code aux autres structures qui commercialiseraient des médicaments. Insuffisant pour l’Ordre national des pharmaciens, qui rappelle que d’autres règles strictes n’y sont pas incluses.
L’Ordre craint qu’une ouverture du monopole pharmaceutique ne s’oppose aux objectifs de santé prônés par l'Europe : réduire la consommation de médicaments. En renforçant l’attractivité de ceux-ci, l’Autorité encouragerait les patients à acheter des produits non nécessaires. La vente de médicaments en grande surface représente par ailleurs une double menace pour les officines : une fragilisation du maillage national et la fin de l’indépendance du pharmacien.
Pour une plus grande transparence des prix
Autre volet majeur de la proposition de l’Autorité de la concurrence : assouplir la législation sur la publicité. L’ONP relève plusieurs bonnes initiatives. Informer les patients sur les prix aurait plusieurs effets bénéfiques. Cela permettrait de lancer des comparateurs plus fiables qu’actuellement. Des prix plus transparents renforceront aussi la confiance du patient et lui permettront de faire jouer la concurrence.
L’ONP ne s’oppose pas non plus à une vente en ligne des médicaments, dans la mesure où le pharmacien continue d’exercer son rôle d’information et de conseil. Il soutient également un élargissement de la liste des marchandises disponibles en pharmacie, dans la mesure où les produits proposés bénéficient à la santé du patient. Pas d’immobilisme donc du côté de l’Ordre des pharmaciens, mais une volonté de protéger les officines dans le temps.